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Cerveau

L'étude qui confirme que la nature peut calmer la douleur

Par Stanislas Deve

La simple observation de la nature peut réduire la douleur en modifiant directement les circuits du cerveau impliqués dans son traitement. Cela fonctionne aussi avec des images virtuelles de nature, affirment les chercheurs.

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Observer la nature réduit la douleur en modifiant directement les circuits cérébraux impliqués dans son traitement, selon une nouvelle étude.
Des chercheurs ont soumis 49 participants à des stimuli douloureux tout en leur montrant des scènes naturelles, urbaines ou intérieures. Résultat : la douleur était moins intense en présence de paysages naturels, même virtuels.
Ces découvertes ouvrent la voie à des applications en milieu médical, comme l'intégration de scènes naturelles dans les hôpitaux pour améliorer la gestion de la douleur.

Et si, pour soulager la douleur, il suffisait d'admirer un joli paysage ? C’est ce que suggère une étude publiée dans Nature Communications : la simple observation de la nature peut réduire la douleur en modifiant directement les circuits cérébraux impliqués dans son traitement. "Ce n'est pas un simple effet placebo, mais bien une transformation tangible de notre perception de la douleur", précise un communiqué.

Un impact direct sur la perception de la douleur

Pendant des années, des études ont montré que les patients hospitalisés avec vue sur des espaces verts avaient besoin de moins d'antalgiques. De même, les patients en milieu dentaire ressentaient moins de douleur en regardant des scènes naturelles. Mais jusqu'à présent, on ignorait si ces effets étaient réellement liés à la nature ou à une simple perception psychologique.

Pour en avoir le cœur net, des chercheurs de l'Université de Vienne (Autriche) et de l'Université d'Exeter (Royaume-Uni) ont mené une expérience impliquant l'imagerie cérébrale. Quarante-neuf participants ont été placés dans un scanner cérébral et exposés à des stimuli douloureux (des décharges électriques légères) tout en regardant différentes scènes : un lac entouré d'arbres, un environnement urbain similaire et un bureau intérieur.

Les résultats ont été sans appel : les participants rapportaient une douleur moins intense lorsqu'ils observaient des paysages naturels, comparé à un cadre urbain ou intérieur. L'imagerie cérébrale a confirmé ces différences, en montrant une diminution de l'activité dans les zones du cerveau impliquées dans le traitement sensoriel de la douleur.

Des applications en milieu médical ?

"Contrairement aux placebos qui modifient la perception émotionnelle de la douleur, la nature change directement la façon dont notre cerveau traite les signaux sensoriels bruts de la douleur", expliquent les chercheurs. Ainsi, ce n'est pas seulement notre perception qui est modifiée, mais bien le mécanisme neurologique sous-jacent.

Un des aspects prometteurs de cette découverte est que même des images virtuelles de nature suffisent à produire cet effet. Cela ouvre la voie à des applications pratiques, notamment en milieu hospitalier. Intégrer des scènes naturelles dans les salles de soins pourrait en effet contribuer à réduire l'inconfort des patients, notamment ceux souffrant de douleurs chroniques. Si les antalgiques restent indispensables dans la gestion de la douleur, une "prescription verte" – que ce soit pour une balade en forêt, une pause dans un parc ou même une vidéo immersive – pourrait ainsi devenir un remède complémentaire intéressant.