ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Cœur artificiel : pourquoi le record est toujours français grâce à Carmat

Santé cardiaque

Cœur artificiel : pourquoi le record est toujours français grâce à Carmat

Par le Dr Jean-François Lemoine

Une annonce récente mettant en avant un cœur artificiel australien capable de maintenir un patient en vie pendant plus de 100 jours a semé la confusion. Pourtant, le cœur artificiel total français Carmat, conçu par le professeur Alain Carpentier, détient déjà un record de survie bien plus important. Explications.

iStock/mi-viri
Le record de survie individuel est de plus de 2 ans avec un cœur artificiel total Carmat.
Le créateur de ce coeur artificiel est le Professeur Alain Carpentier, chirurgien cardiaque français, pionnier des prothèses valvulaires cardiaques.
La première implantation humaine a été effectuée en décembre 2013.

C’est une histoire qui aurait pu réjouir toute la communauté médicale : un patient australien, équipé d’un cœur artificiel total nommé BiVACOR, a récemment dépassé les 100 jours de survie avant d’obtenir une greffe cardiaque définitive. Présentée comme une "prouesse médicale", cette nouvelle a fait le tour des médias internationaux, parfois laissant entendre qu'il s'agissait d'un record mondial. Pourtant, il convient de remettre les pendules à l’heure : ce résultat remarquable ne bat pas le véritable record détenu par la bioprothèse française Carmat.

Carmat, détenteur du vrai record

En effet, le cœur artificiel total Carmat, développé par la société française du même nom et conçu sous la direction du professeur Alain Carpentier, avait déjà franchi la barre des 2 ans de fonctionnement continu chez un patient. Cette prouesse avait été annoncée officiellement par la société Carmat dès 2021, et ce chiffre dépasse largement les 100 jours récemment célébrés en Australie.

Cette durée exceptionnelle témoigne non seulement de la solidité technique et médicale du cœur Carmat, mais aussi de sa capacité à offrir une qualité de vie satisfaisante à des patients souffrant d’insuffisance cardiaque terminale en attente d’une greffe cardiaque ou inéligibles à une transplantation classique.

Deux technologies différentes, deux usages différents

Mais alors, comment expliquer cette confusion autour du cœur australien BiVACOR ? Il est important de préciser que tous les cœurs artificiels n’ont pas les mêmes objectifs ni les mêmes caractéristiques techniques.

Le dispositif australien BiVACOR constitue effectivement un "cœur d’attente", un système temporaire destiné à stabiliser le patient jusqu’à la greffe définitive. Son objectif est d'assurer la survie à court terme en attendant un cœur biologique compatible.

À l’inverse, la prothèse Carmat, bien que capable aussi de servir de pont vers la greffe, est une bioprothèse autonome qui vise également à devenir une solution permanente, notamment pour des patients chez qui la greffe n’est pas envisageable. Grâce à sa membrane bio-compatible et à son fonctionnement physiologique reproduisant au plus près le cœur humain, le dispositif Carmat offre une solution de survie plus durable, dépassant très largement les 100 jours récemment célébrés pour BiVACOR.

Une avancée positive mais qui ne peut rivaliser

La confusion actuelle est compréhensible. Chaque avancée dans le domaine des prothèses cardiaques mérite d’être saluée, mais il est crucial d’être précis : le cœur artificiel total Carmat, grâce à son approche technologique novatrice associant mécanique et biologique, a déjà fait ses preuves en franchissant une durée de survie record de deux ans chez certains patients.

Le cœur australien BiVACOR constitue indéniablement une avancée positive, mais ne peut rivaliser en termes de durée de survie et de confort apporté au patient sur le long terme.

Pourquoi c’est important ?

Clarifier cette information est essentiel pour comprendre l’évolution des technologies médicales et éviter des attentes irréalistes. Carmat reste aujourd’hui la référence mondiale en termes de cœur artificiel total, tant pour sa durée d’utilisation prolongée que pour sa capacité à améliorer durablement la qualité de vie des patients atteints d’insuffisance cardiaque terminale.

Mettre en lumière ce record réel, c’est aussi rappeler le rôle majeur joué par la recherche médicale française dans ce domaine, portée par le professeur Alain Carpentier, pionnier de la chirurgie cardiaque moderne.

Ainsi, le cœur artificiel total Carmat reste à ce jour la technologie la plus performante pour une survie prolongée et confortable, un véritable "cœur artificiel total" conçu pour durer, là où d'autres systèmes comme BiVACOR jouent davantage un rôle de solution transitoire avant une greffe.

Alors oui, félicitons les avancées australiennes, mais gardons bien en tête les véritables exploits français en matière de cœur artificiel.