La fièvre hémorragique Ebola affiche actuellement des taux de létalité allant de 30 % à 90 %. Si des traitements par anticorps existent, ils sont chers, complexes à administrer et en plus ont une efficacité encore peu élevée (entre 230 et 400 guérisons sur 1.000 personnes infectées).
C’est pourquoi les travaux des chercheurs d’University of Texas Medical Branch, présentés dans la revue Science Advances, sont si prometteurs. Ils sont parvenus à soigner des singes infectés par le virus Ebola avec un simple cachet.
Ebola et obeldesivir : jusqu’à 100 % de protection sur les macaques
Pour tenter de trouver un médicament plus abordable et efficace contre Ebola, les chercheurs ont eu l’idée de tester l'antiviral obeldesivir (ODV). Il s’agit de la forme orale du remdésivir, traitement connu du grand public pour avoir été utilisé un temps contre la Covid-19.
L’équipe a infecté des macaques crabier et rhésus avec le variant d’Ebola appelé Makona. Cette souche a été à l’origine d'une grande épidémie en Afrique de l’Ouest entre 2013 et 2016.
Les chercheurs ont donné une dose d’obeldesivir par jour aux animaux malades pendant 10 jours. Les deux espèces de macaques ont présenté "respectivement 80 et 100 % de protection contre l'infection mortelle lorsque le traitement est initié 24 heures après l'exposition muqueuse (conjonctivale)".
"Le traitement ODV a retardé la réplication virale pour réduire l'inflammation excessive et promouvoir l'immunité adaptative", précisent les auteurs dans leur article. Ces résultats sont particulièrement prometteurs, car les macaques rhésus – ceux dont 100 % des membres ont guéri – est l'espèce la plus proche biologiquement des êtres humains.
Ebola : un traitement oral plus pratique et facile à utiliser
L’étude sur l’obeldesivir et Ebola ne comptait qu’une dizaine de singes. Mais malgré le faible échantillon, Thomas Geisbert, virologue à l’Université du Texas Medical Branch, qui a dirigé les travaux, assure que les résultats obtenus restent significatifs.
"Nous avons vraiment essayé de trouver quelque chose de plus pratique, de plus facile à utiliser, qui pourrait être utilisé pour aider à prévenir, contrôler et contenir les épidémies", a confié l’expert à l’AFP.
Il a ajouté que l’un des avantages de la molécule testée est qu’elle offre un "spectre étendu" par rapport aux traitements par anticorps qui fonctionnent uniquement face à Ebola-Zaïre. D’ailleurs, des essais cliniques avec l’obeldesivir sont en cours pour voir ses effets sur le virus de Marburg, une autre fièvre hémorragique.