La guerre en Ukraine, les tensions croissantes entre blocs et la montée des ambitions autoritaires justifient que les gouvernements occidentaux réaffirment la nécessité d’un réarmement massif en adoptant des budgets militaires colossaux.
Mais ne sommes-nous pas en train de faire fausse route et de regarder dans la mauvaise direction ? Si la plus grande menace pour l’humanité n’était pas une armée, un dictateur ou un conflit conventionnel, mais un ennemi invisible, insaisissable et implacable : les virus ?
L’Histoire nous a montré que les guerres, aussi tragiques soient-elles, finissent par se conclure. Mais les pandémies, elles, surgissent sans prévenir, frappent sans distinction et laissent derrière elles des bilans bien plus lourds que la plupart des conflits armés. La grippe espagnole de 1918 a fauché entre 50 et 100 millions de vies en deux ans, bien plus que les deux guerres mondiales réunies.
Un virus peut mettre le monde à genoux
Plus récemment, le Covid-19 a bouleversé l’économie mondiale, fait vaciller les systèmes de santé et tué plus de sept millions de personnes. Un virus peut mettre le monde à genoux. En quelques mois, le coronavirus de Wuhan a bouleversé nos vies, nos économies et nos certitudes. Et ce n'est peut-être qu'un avant-goût de ce qui nous attend. Les scientifiques nous alertent : le réchauffement climatique, la déforestation et l'intensification des échanges mondiaux favorisent l'émergence de nouvelles maladies infectieuses.
Des virus inconnus, tapis dans l'ombre, pourraient se réveiller et se propager à une vitesse fulgurante. Le concept du "virus X", hypothétique mais pris très au sérieux par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), désigne une future pandémie causée par un agent pathogène encore inconnu, mais dont le potentiel de destruction surpasse tout ce que nous avons connu jusqu’ici.
Que se passera-t-il si un virus hautement transmissible et mortel surgit, incapable d’être contrôlé par nos vaccins et traitements actuels ? Un virus qui pourrait, en quelques mois, décimer une partie significative de la population mondiale et détruire les sociétés les plus avancées ?
La réponse à cette question est accablante : nous ne sommes pas prêts.
Malgré les avertissements de nombreux experts, les budgets de recherche en virologie, en biotechnologies et en infrastructures sanitaires restent dérisoires face aux dépenses militaires.
Miser sur la recherche scientifique
En 2023, les États-Unis ont alloué près de 900 milliards de dollars à leur défense, tandis que le budget mondial de recherche sur les maladies infectieuses atteint à peine une fraction de cette somme. Pourtant, aucune bombe, aucun missile hypersonique, aucune flotte navale ne peut arrêter un virus. Seule la recherche scientifique peut nous offrir une chance de nous protéger.
Il est temps de redéfinir nos priorités. Le monde ne doit pas choisir entre la sécurité militaire et la sécurité sanitaire, mais il est absurde de ne pas équilibrer nos investissements. La recherche sur les virus émergents, le développement de vaccins universels, la surveillance épidémiologique mondiale et la résilience des systèmes de santé devraient bénéficier de financements comparables à ceux que nous consacrons aux arsenaux nucléaires et aux chasseurs furtifs. Nous devons cesser d’attendre la prochaine catastrophe pour agir et comprendre qu’un investissement aujourd’hui pourrait éviter un désastre demain.
La recherche scientifique, un investissement pour l'avenir
Contrairement à tous les acteurs des tensions géopolitiques actuelles, le virus X, lui, ne négociera pas, ne reculera pas et ne signera aucun traité de paix. Il ne demandera qu’une chose : l’occasion de se propager.
La véritable guerre du XXIe siècle ne sera peut-être pas celle que nous imaginons. Il est urgent de la préparer autrement. Face à la menace existentielle que représentent les virus, il est de notre responsabilité de donner à la recherche scientifique les moyens de nous protéger. C'est un investissement pour l'avenir, un choix de société qui déterminera notre capacité à faire face aux défis du XXIe siècle.
Il est temps de prendre conscience que notre véritable ennemi n'est pas un homme, mais un virus.