La France est confrontée depuis le début de l’année 2025 à un nombre "particulièrement élevé" d'infections invasives à méningocoque, en particulier de type B, selon un communiqué de Santé publique France publié jeudi 13 mars. Au 7 mars, les autorités répertoriaient 95 cas pour janvier et 89 pour février, soit 184 cas en un peu plus de deux mois seulement. C’est "un niveau très supérieur à ce qui était observé pour la même période de l’année au cours des saisons précédentes", note l’agence.
Des infections mortelles dans 10 % des cas
Déjà, mi-février, SPF alertait déjà sur l’augmentation continue des infections à méningocoques depuis plusieurs années : en 2023, 560 cas d'infections invasives à méningocoques avaient été signalés, soit une hausse de 72 % par rapport à 2022. Cette tendance s'était poursuivie en 2024, avec 615 cas, "faisant de cette année celle avec le nombre le plus élevé de cas depuis vingt ans", notait alors l'infectiologue Muhamed-Kheir Taha, spécialiste à l'Institut Pasteur, interrogé par l’AFP.
Les infections à méningocoques, d'origine bactérienne, peuvent entraîner des pathologies graves comme la méningite, la septicémie, voire des arthrites. Dans 10 à 12 % des cas, elles sont mortelles, et 20 à 25 % des patients en gardent des séquelles durables. SPF met également en garde contre "le risque de regroupement spatio-temporel, pouvant être lié à une même souche bactérienne".
Début 2025, deux foyers de contamination liés au méningocoque de sérogroupe B ont été identifiés : en janvier à Lyon, chez les étudiants, et à Rennes, entre décembre et février, avec six cas, dont un mortel, dans une famille puis chez des étudiants. Face à la situation, la vaccination contre les méningocoques de type B a été recommandée aux étudiants, et la métropole de Rennes a organisé une campagne de vaccination pour les 15-24 ans.
Des causes multiples : grippe, vaccination incomplète...
Une des hypothèses avancées pour expliquer cette flambée concerne l'épidémie de grippe hivernale, très virulente cette saison. À l'origine de nombreuses hospitalisations, elle a affaibli le système immunitaire des patients touchés. Or, il est établi que les infections virales, comme la grippe ou le Covid-19, augmentent le risque de surinfection bactérienne, notamment par les méningocoques. La vaccination joue aussi un rôle dans la propagation du méningocoque B. En effet, la France a historiquement mis l'accent sur la vaccination contre le méningocoque C, laissant la population plus vulnérable à la souche B, qui circule donc plus facilement.
La vaccination des nourrissons mais aussi des adolescents et parfois des jeunes adultes reste cruciale, a réaffirmé Santé publique France. Depuis le 1er janvier, la vaccination des nourrissons contre le méningocoque B et contre les méningocoques ACWY est obligatoire. Chez les adolescents, une dose de rappel contre les souches A, C, W et Y est désormais recommandée entre 11 et 14 ans, avec un rattrapage possible jusqu’à 24 ans.