- L'incidence du glioblastome a augmenté de 6,11 % par an chez les jeunes ces 20 dernières années.
- Des changements dans la classification de ces tumeurs sur cette même période peut impacter le résultat.
- Les radiations ionisantes et les facteurs de risque environnementaux comme les pesticides ou les champs électromagnétiques sont soupçonnés d'être des facteurs de risque.
Le glioblastome est un cancer du cerveau qui touche principalement les adultes de 45 et 70 ans. Toutefois, une récente étude publiée par Santé Publique France a montré que son incidence parmi les jeunes (15-39 ans) a augmenté de 6,11 % en moyenne par an entre 2000 et 2020. Ce chiffre inquiétant a été mis en avant lors de la semaine du cerveau qui s’est tenue du 10 au 16 mars 2025. Mais que cache-t-il exactement ?
Hausse des cancers du cerveau chez les jeunes : des chiffres à étudier avec prudence
Une hausse de 6,11 % par an parmi les moins de 40 ans pour un cancer diagnostiqué en moyenne à 65 ans est inquiétante. Cependant, le glioblastome reste assez rare puisqu’il ne représente que 20 % des 5.900 cancers du système nerveux central diagnostiqués annuellement. Par ailleurs, les jeunes patients restent moins nombreux que les personnes âgées.
Par ailleurs, "les résultats concernant les tumeurs du système nerveux central doivent être interprétés avec prudence", préviennent les experts de Santé Publique France. "Des changements dans la classification de ces tumeurs se sont produits au cours de cette période (2000 - 2020), et l’amélioration du diagnostic anatomopathologique, de la biologie moléculaire, en lien avec les progrès de l’imagerie ont un impact sur l’analyse par type histologique."
Interrogée par le journal 20 minutes, le docteur Emmanuel Desandes du registre national des tumeurs solides de l’enfant à Nancy et auteur de l’étude ajoute que les données recueillies proviennent de seulement 19 départements (soit 24 % de la population de France hexagonale), et représentent un total de 233 cas de glioblastomes entre 2005 et 2020.
Glioblastome : une hausse encore assez mystérieuse
Mais au-delà de ces éléments statistiques, une hausse des diagnostics de glioblastomes dans la population française avait déjà été identifiée par de précédents travaux de l’organisme. Quelles peuvent être les raisons de ces progressions ? "Leur origine reste peu connue, précise le docteur Emmanuel Desandes à 20 min. Certaines études ont émis des hypothèses sur des facteurs intrinsèques, tels que l’ethnie, le sexe, les facteurs génétiques et les antécédents familiaux de gliomes. Il y a aussi des hypothèses sur des facteurs extrinsèques, comme des radiations ionisantes, ou des facteurs de risque environnementaux, notamment l’hypothèse des pesticides ou des champs électromagnétiques."
La littérature scientifique a également mis en lumière un fait surprenant : "les patients souffrant de maladies allergiques (asthme, dermatite atopique, allergies alimentaires, etc.) présenteraient un risque plus faible de développer un glioblastome", précise l'hôpital de Berne sur son site internet.
Si les causes du cancer du cerveau sont encore peu définies, la docteure Claire Morgand, directrice de la direction de l’observation, des sciences de données et de l’évaluation à l’Institut national du cancer (INCa) rappelle : "il ne faut pas perdre de vue les facteurs de risques usuels : le tabac, l’alcool, l’alimentation déséquilibrée, la sédentarité qui peuvent notamment favoriser l’apparition du surpoids et de l’obésité, qui sont les premiers facteurs de risques du cancer. Ce sont des facteurs de risques évitables, car on peut agir dessus".