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Empreinte immunitaire

Grippe aviaire : les personnes âgées pourraient être plus résistantes que les enfants

Par Geneviève Andrianaly

Les adultes exposés à des virus de la grippe saisonnière ayant circulé avant 1968 sont plus susceptibles d'avoir des anticorps qui se lient au virus H5N1, responsable de la grippe aviaire.

Rafmaster/iStock
Une étude montre que les anticorps contre les souches historiques (H1N1 et H2N2) et récentes du virus H5N1 sont plus élevés chez les personnes plus âgées que les jeunes.
Plus précisément, ces derniers sont plus fortement corrélés avec l'année de naissance qu'avec l'âge, ce qui est cohérent avec l'empreinte immunitaire.
Après la vaccination, les anticorps contre les tiges du virus H5N1 ont considérablement augmenté chez enfants.

Canards, poules, oies, dindes… Le virus H5N1, qui cause une maladie respiratoire hautement infectieuse, circule intensément depuis plusieurs années à l’échelle mondiale, principalement chez les oiseaux sauvages. Celui-ci est également capable d’infecter de nombreuses espèces de mammifères sauvages (renard, phoques, otaries, etc.) et domestiques (chats, chiens, porcs). Récemment, il a été détecté pour la première fois chez des vaches laitières aux États-Unis. Ce virus "présente un risque de pandémie humaine. De précédentes recherches suggèrent que les personnes âgées sont plus résistantes aux infections par le virus H5N1 en raison de l'imprégnation pendant l'enfance avec d'autres virus du groupe 1 (H1N1 et H2N2). Cependant, la base immunologique de ce phénomène est incomplètement comprise", ont indiqué des scientifiques de l'université de Pennsylvanie (États-Unis).

Grippe aviaire : l’année de naissance est liée à la quantité d'anticorps se liant au virus H5N1

C’est pourquoi ces derniers ont mené une étude au cours de laquelle ils ont examiné les échantillons de sang de sérum de 157 personnes nées entre 1927 et 2016. Leur but ? Rechercher des anticorps ciblant les protéines de la tige de différents virus grippaux, dont le virus H5N1. Les échantillons sanguins des adultes plus âgés, c’est-à-dire nés avant 1968, et probablement exposés pour la première fois au virus H1N1 ou H2N2 dans leur enfance, présentaient des niveaux plus élevés d'anticorps capables de se lier à la tige du virus H5N1. Pour rappel, la date évoquée par les chercheurs, 1968, correspond au début de la "grippe de Hong Kong", une pandémie de grippe qui s'est répandue dans le monde entier à partir de l'été 1968 et jusqu'au printemps 1970 et a fait plusieurs milliers de morts en France.

Selon l’équipe, l'année de naissance d'un participant était étroitement liée à la quantité d'anticorps combattant le H5N1 dans son sang. Les jeunes enfants qui n'ont pas été exposés aux virus de la grippe saisonnière possédaient de faibles niveaux d'anticorps capables de lutter contre le virus de la grippe aviaire.

"En cas de pandémie, les enfants devraient être vaccinés en priorité contre le virus H5N1"

Dans une seconde analyse, les auteurs ont voulu déterminer la réaction de volontaires de différentes années de naissance aux vaccins contre la grippe aviaire. Pour cela, ils ont prélevé des échantillons de sang sur un groupe distinct de 100 personnes nés entre 1918 et 2003, avant et après avoir été reçu un vaccin datant de 2004, qui ne correspondait pas parfaitement au clade 2.3.4.4b du virus H5N1 circulant actuellement.

Les personnes plus âgées avaient des quantités plus élevées d'anticorps pouvant se lier aux tiges H5 avant la vaccination. Après la vaccination, les anticorps contre les tiges du virus H5N1 ont légèrement augmenté chez les adultes plus âgés, mais considérablement aussi chez les enfants. Ces anticorps se sont liés à la fois au virus H5N1 de 2004 et au virus H5N1 du clade 2.3.4.4b qui circule aujourd'hui. "En cas de pandémie de H5N1, tous les groupes d'âge seront probablement très sensibles, mais il est possible que la charge de morbidité la plus élevée soit observée chez les enfants. Si tel est le cas, les enfants devraient être vaccinés en priorité contre le virus H5N1", a conclu Scott Hensley, professeur de microbiologie qui a dirigé les travaux publiés dans la revue Nature Medicine.