- Les troubles du comportement alimentaire sont plus sévèrement jugés que la dépression.
- L'hyperphagie boulimique est associée à des stéréotypes liés au poids.
- Selon les chercheurs, l'éducation et la sensibilisation du public sont essentielles pour que ces patients reçoivent le soutien dont ils ont besoin.
Anorexie, boulimie et hyperphagie… Les adultes souffrant de ces troubles du comportement alimentaire (TCA) ont du mal à demander de l’aide. La raison est simple : ils sont confrontés à une stigmatisation sociale importante. C’est ce qu’a récemment révélé des chercheurs de l'université d'Australie-Méridionale dans une étude publiée dans la revue Journal of Eating Disorders. Dans celle-ci, ils sont partis d’un constat : "à l'heure actuelle, nous savons peu de choses sur la façon dont la stigmatisation attribuée des conduites alimentaires se compare à celle d'autres troubles psychologiques et, en outre, à celle des différents types de troubles de l'alimentation." Ainsi, ils ont voulu se pencher sur le sujet.
TCA : l’hyperphagie boulimique est plus durement perçue
Pour les besoins des travaux, l’équipe a recruté 235 personnes issues de la population générale qui ont été réparties en quatre groupes : anorexie mentale, boulimie, hyperphagie boulimique et dépression. Les participants ont été invités à remplir un questionnaire mesurant les niveaux de stigmatisation, plus précisément les attitudes à l'égard de la pathologie psychologique qui leur avait été attribuée.
Selon les résultats, les trois troubles du comportement alimentaire sont significativement plus stigmatisés que la dépression, ce qui empêche les personnes touchées de se faire soigner. Entre l’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie boulimique, les niveaux de jugement des trois étaient généralement équivalents, à l'exception de l'hyperphagie boulimique qui était significativement plus stigmatisée que l'anorexie mentale et la boulimie sur une sous-échelle mesurant l'insignifiance. "Les idées fausses selon lesquelles ces troubles sont auto-infligés ou ne sont pas suffisamment graves pour justifier une attention médicale sont incroyablement préjudiciables", ont souligné les auteurs.
Réduire la stigmatisation pour inciter "les patients à rechercher une aide professionnelle plus tôt"
Les auteurs affirment que l'éducation et la sensibilisation du public sont essentielles pour réduire la stigmatisation et faire en sorte que les adultes souffrant de troubles des conduites alimentaires reçoivent le soutien dont ils ont besoin. "Nous devons changer le discours sur les troubles de l'alimentation et remettre en question les mythes selon lesquels il s'agit simplement d'un choix de vie ou d'un signe de faiblesse personnelle. En réduisant la stigmatisation, nous encouragerons les patients à rechercher une aide professionnelle plus tôt et nous améliorerons les résultats, ce qui permettra dans certains cas de sauver des vies", a déclaré Stephanie Webb, co-auteure de l’étude.