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Acouphènes, hyperacousie : une nouvelle piste pour les traiter

Les fibres nerveuses de la cochlée, située dans l’oreille interne, pourraient ajuster les niveaux sonores et contribuer à compenser la perte auditive chez les souris.

Acouphènes, hyperacousie : une nouvelle piste pour les traiter Evgeniya Markina/iStock




L'ESSENTIEL
  • La cochlée est une structure de l'oreille interne qui traduit les informations acoustiques en impulsions nerveuses compréhensibles par le cerveau.
  • En envoyant un signal à la cochlée, le cerveau pourrait jouer un rôle dans la régulation de la sensibilité de l'oreille au son et la compensation de la perte auditive.
  • Lors de la prochaine étape de l’étude, les chercheurs vont tester des médicaments bloquant les fibres efférentes, les nerfs transmettant les signaux du cerveau à la cochlée, afin de réduire le volume chez les adultes souffrant d'hyperacousie et d’acouphènes.

Elle a l'apparence d'une spirale enroulée sur elle-même. La cochlée, une partie de l'oreille interne, utilise des cellules ciliées sensorielles afin de détecter les ondes sonores dans l'air, puis les convertit en signaux électriques que le cerveau peut traiter, ce qui permet de percevoir des sons. La plupart des nerfs cochléaires transportent l'information de la cochlée vers le cerveau, mais environ 5 % envoient des signaux dans la direction opposée : du cerveau vers la cochlée. Dans ce dernier cas, on parle de "fibres efférentes". "De nombreuses hypothèses ont été émises sur les fonctions de cette rétroaction, notamment à court terme, comme la médiation des états attentionnels, et à long terme, comme l'atténuation des traumatismes acoustiques", ont indiqué des chercheurs de l’université de Californie du Sud (États-Unis). Problème : elle n’a pas pu être vérifiée, car il est difficile de mesurer l'activité cochléaire chez l'Homme ou les animaux durant l'état d'éveil.

La tomographie par cohérence optique pour observer le conduit auditif et évaluer son fonctionnement

Ainsi, dans une récente étude, les scientifiques américains ont décidé de s’intéresser à cette théorie. Pour cela, ils ont développé une nouvelle méthode d'observation de l'activité de l'oreille interne en adaptant une technique d'imagerie, appelée tomographie par cohérence optique, qui est utilisée en ophtalmologie pour scanner la rétine et détecter des pathologies, comme le glaucome et la dégénérescence maculaire. Cette technique utilise des ondes lumineuses pour scanner les tissus et créer une image 3D, de la même manière que l'échographie crée des images à partir d'ondes sonores. "La tomographie par cohérence optique nous permet d'observer le conduit auditif, à travers le tympan et l'os, jusqu'à la cochlée, et d'en mesurer le fonctionnement, de manière non invasive et indolore", a expliqué John Oghalai, auteur des travaux publiés dans la revue The Journal of Neuroscience.

En cas de perte auditive, le cerveau envoie des signaux à la cochlée pour augmenter le volume

À l’aide de cette approche, les chercheurs ont capturé des images en temps réel de la cochlée en action, plus précisément les réponses vibratoires de l'organe de Corti au son, chez des souris des deux sexes, éveillées et anesthésiées. En parallèle, ils ont suivi les changements d'états cérébraux des rongeurs en mesurant les variations de taille des pupilles. Les auteurs ont découvert que l'activité cochléaire ne changeait pas à court terme chez les animaux en bonne santé. Cependant, chez les souris atteintes d'une perte auditive génétique, la fonction cochléaire a augmenté, indiquant que le cerveau améliorait la sensibilité de la cochlée en réponse à une perte auditive à long terme. Lorsque les états cérébraux changeaient, l'activité cochléaire restait la même, ce qui suggère que l'oreille interne ne module pas l'audition à court terme.

Pour aller plus loin, l’équipe a ensuite modifié génétiquement des souris afin de désactiver les nerfs transportant l'information de l'oreille interne au cerveau, provoquant une perte auditive. Constat : la cochlée travaillait sans relâche pour compenser la diminution de la capacité à percevoir les sons. "Ces résultats suggèrent que le cerveau peut envoyer des signaux aux cellules ciliées restantes, leur indiquant d'augmenter le volume. (…) Cette découverte pourrait aider à développer des traitements pour des troubles auditifs difficiles à traiter, tels que l'hyperacousie, où les sons du quotidien semblent inconfortablement forts, et les acouphènes, une sensation de sifflement, de bourdonnement ou d'autres sons dans l'oreille en l'absence de source externe", ont déclaré les chercheurs, qui comptent dans la prochaine étape de leur recherche tester des médicaments bloquant les fibres efférentes afin de réduire le volume chez les patients.

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