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Alcool et risque de cancer : ce que dit la science

Par Stanislas Deve

L’alcool est un facteur de risque méconnu mais établi pour plusieurs cancers, rappellent des chercheurs. En cause notamment : sa consommation produit de l’acétaldéhyde, une substance qui endommage l’ADN et provoque l’apparition de tumeurs.

Nadzeya Haroshka / istock
MOTS-CLÉS :
L’alcool est un facteur de risque méconnu mais avéré pour plusieurs cancers, dont ceux du sein, du foie et du côlon. Sa consommation produit de l’acétaldéhyde, une substance endommageant l’ADN et augmentant le risque de mutation cancéreuse.
Selon l’American Association for Cancer Research (AACR), toute consommation contribue au risque, et limiter ou arrêter l’alcool peut réduire les risques de cancer de 4 à 8 %.
D’autres mesures préventives, comme l’arrêt du tabac, une alimentation équilibrée et la protection contre les UV, sont essentielles pour réduire le risque global de cancer et préserver la santé.

Si l’association entre le tabac et le cancer est largement documentée, le rôle de l’alcool dans le développement de certains cancers reste encore méconnu. Alors que, selon un rapport récent de l’administrateur de la santé publique des États-Unis, la consommation de boisson alcoolisée est la troisième cause évitable de cancer dans le pays, après le tabagisme et l’obésité, il apparaît qu’environ la moitié des Américains ignorent tout simplement ce risque. Une équipe de scientifiques a tenu à rappeler les faits dans un article publié sur le site de l’University of Rochester Medical Center (URMC).

Quels cancers sont liés à la consommation d’alcool ?

Les chercheurs ont identifié six types de cancers directement associés à la consommation d’alcool : le cancer colorectal, du sein chez la femme, de la tête et du cou, du foie, de l’œsophage et de l’estomac. Le risque varie en fonction du type de cancer et, bien évidemment, de la quantité d’alcool consommée. "Il existait autrefois l’idée qu’un verre de vin par jour était bénéfique pour la santé, mais cette perception est en train de changer", explique Ashley Hendershot, spécialiste en oncologie au Wilmot Cancer Institute.

"Les recommandations initiales préconisaient la modération, définie comme jusqu'à un verre standard par jour pour les femmes, et jusqu'à deux par jour pour les hommes, ajoute l’experte. Mais la réalité est que l’alcool étant un agent cancérigène avéré, toute consommation contribue à augmenter le risque." Selon l’American Association for Cancer Research (AACR), il est donc préférable de boire le moins possible.

Comment l’alcool favorise-t-il le cancer ?

Lorsque l’alcool est métabolisé, il produit une substance appelée acétaldéhyde, responsable de dommages à l’ADN. Or si ces erreurs ne sont pas corrigées par le système immunitaire, elles peuvent conduire à l’apparition de cancers. Par ailleurs, l’alcool réduit la quantité d’acide folique, un élément clé dans la réparation de l’ADN, et favorise une augmentation des niveaux d’œstrogènes, ce qui accroît le risque de cancers du sein hormonodépendants. "Nous conseillons fortement aux patientes ayant eu un cancer du sein de limiter ou d’éviter complètement la consommation d’alcool", précise Ashley Hendershot. Enfin, l’alcool apporte son lot de "calories vides", favorisant la prise de poids et augmentant ainsi le risque d’obésité, un autre facteur clé dans le développement du cancer.

Réduire sa consommation pour diminuer les risques

Bonne nouvelle : réduire sa consommation d’alcool ou arrêter complètement permet de diminuer le risque de cancer de 4 %, et le risque des cancers directement liés à l’alcool de 8 %. Toutefois, l’alcool n’est qu’un facteur parmi d’autres. "Notre objectif est de prévenir autant de cancers que possible. Nous accompagnons nos patients pour qu’ils puissent prendre des décisions éclairées sur leur mode de vie", note la spécialiste.

Outre la consommation d’alcool, l’AACR recommande d’autres mesures préventives : arrêter le tabac, maintenir un poids sain, adopter une alimentation équilibrée et rester actif, protéger sa peau des rayons UV, prévenir les infections liées aux agents pathogènes responsables de cancers, limiter l’exposition aux facteurs de risque environnementaux, ou encore être attentif aux facteurs hormonaux. En adoptant ces comportements, chacun peut réduire son risque de cancer et améliorer sa santé à long terme, selon les experts. 

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