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Réponse immunitaire

Parkinson : pourquoi de telles inégalités entre hommes et femmes ?

Par Stanislas Deve

Le risque de développer la maladie de Parkinson est presque deux fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes. Des chercheurs pointent le rôle clé du système immunitaire dans cette différence.

Alexey Koza / istock
Des chercheurs ont découvert que la protéine PINK1 joue un rôle clé dans la maladie de Parkinson en déclenchant une attaque immunitaire contre les neurones.
Cette réaction est six fois plus forte chez les hommes, ce qui explique la prévalence plus élevée de la maladie parmi eux.
Ces cellules T réagissant à PINK1 pourraient servir de biomarqueur pour un diagnostic précoce et ouvrir la voie à de nouveaux traitements.

Les chercheurs de La Jolla Institute for Immunology (LJI), aux Etats-Unis, ont peut-être identifié une nouvelle cible pour traiter la maladie de Parkinson, qui touche plus de dix millions de personnes à travers le monde, dont 120.000 en France, et presque deux fois plus d’hommes que de femmes. Une nouvelle étude, publiée dans The Journal of Clinical Investigation, met en lumière le rôle clé d'une protéine, PINK1, dans le déclenchement de cette pathologie neurodégénérative et offre, par la même occasion, une explication à sa prévalence plus élevée chez les hommes.

Une différence marquante entre les sexes

Depuis quelques années, les scientifiques soupçonnent l'auto-immunité de jouer un rôle dans l'apparition de Parkinson. L'équipe du LJI a découvert que PINK1, une protéine impliquée dans le bon fonctionnement des mitochondries des cellules cérébrales, est perçue par certaines cellules immunitaires comme une menace. Chez les patients atteints de Parkinson, des cellules T spécifiques attaquent les neurones exprimant PINK1, favorisant l'inflammation et la dégénérescence cérébrale.

L'une des découvertes les plus frappantes de l'étude réside dans l'écart significatif de cette réponse immunitaire entre les hommes et les femmes. Chez les hommes atteints de Parkinson, le nombre de cellules T ciblant PINK1 est multiplié par six par rapport aux hommes en bonne santé. En revanche, chez les femmes malades, cette augmentation est seulement de 0,7 fois. "Ces différences de réponse immunitaire pourraient expliquer pourquoi la maladie de Parkinson est environ deux fois plus fréquente chez les hommes", explique Alessandro Sette, qui a participé à l'étude, dans un communiqué.

Vers un diagnostic précoce et de nouvelles thérapies

Au-delà de la compréhension des mécanismes immunitaires de la maladie, cette découverte ouvre la voie à de nouveaux outils diagnostiques. Les cellules T réagissant à PINK1 pourraient devenir un biomarqueur permettant une détection plus précoce de la maladie chez les personnes à risque. En outre, ces travaux pourraient inspirer le développement de traitements ciblant ces cellules T agressives, freinant ainsi la progression de la maladie.

Si PINK1 semble jouer un rôle crucial, il n'est pas le seul antigène impliqué dans la maladie de Parkinson. Des études antérieures ont révélé que de nombreux patients présentent également une réaction immunitaire contre l'alpha-synucléine, une protéine associée à l'inflammation du cerveau et à la progression de la maladie. Cette réponse immunitaire n’est toutefois pas présente chez tous les patients. "Nous devons mener des analyses plus larges sur la progression de Parkinson et les différences entre les sexes, en prenant en compte tous les antigènes impliqués, les différentes formes de la maladie et le temps écoulé depuis son apparition", conclut Alessandro Sette.