- Les personnes ayant assisté à un événement traumatisant vécu par quelque d’autre présentent des profils de dégradation des protéines distincts dans l'amygdale et le cortex cingulaire antérieur.
- Chez les femelles, une protéine spécifique, l'ubiquitine K-63, liée au développement du syndrome de stress post-traumatique a été découverte.
- Cette différence biologique dans la façon dont les cerveaux masculin et féminin réagissent à la présence d'un traumatisme pourrait ouvrir la voie à des traitements plus ciblés prenant en compte ces facteurs spécifiques au sexe.
Touchant davantage les femmes que les hommes, le syndrome de stress post-traumatique est un trouble anxieux. Environ 30 % des patients le développent après avoir été témoins d'un événement traumatisant touchant quelqu'un d'autre. "Les personnes qui ont assisté à l'effondrement d'un immeuble à Miami en 2021 depuis l'autre côté de la rue ont déclaré souffrir de cauchemars, d'insomnie et d'anxiété. Ils présentaient des symptômes du syndrome de stress post-traumatique, mais n’ont pas été des victimes directes et n'avaient aucun lien avec les adultes présents dans l'immeuble", a expliqué Timothy Jarome, professeur de neurobiologie.
Jusqu’à présent, l'accent a été mis sur les personnes ayant directement vécu le traumatisme. C’est pourquoi on ne sait pas si les souvenirs liés à la peur "indirectement acquis" qui sous-tendent le syndrome de stress post-traumatique ont la même signature moléculaire que ceux qui sont "directement acquis." Afin de combler cette lacune, des scientifiques de l’Institut polytechnique et université d'État de Virginie (États-Unis) ont mené une étude, publiée dans la revue Plos One, pour comprendre les mécanismes cérébraux à l'origine de ce phénomène.
Une dégradation protéique dans le cerveau chez des rats témoins d’un évènement traumatisant
Pour cette recherche, l’équipe s’est concentrée sur les modifications protéiques chez les rats provoquées par un stimulus terrifiant, ici un bruit indiquant un choc au pied, dans trois régions cérébrales clés impliquées dans la mémoire de la peur : l'amygdale, le cortex cingulaire antérieur et le cortex rétrosplénial. Les auteurs ont constaté que, chez les mâles et les femelles, le fait d'être témoin d'un traumatisme déclenchait des schémas de dégradation protéique distincts dans ces trois régions, par rapport à la perception directe du traumatisme.
Autre découverte : des différences spécifiques au sexe dans la façon dont les cerveaux masculin et féminin réagissent à la présence d'un traumatisme. Chez les femelles, une protéine spécifique, l'ubiquitine K-63, liée au développement du syndrome de stress post-traumatique a été identifiée. "Ces différences pourraient contribuer à expliquer pourquoi les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes de développer le syndrome de stress post-traumatique."
Stress post-traumatique : des traitements plus ciblés
Dans le cadre de futurs travaux, les chercheurs espèrent explorer comment ces voies moléculaires pourraient être exploitées pour développer des thérapies plus précises contre le syndrome de stress post-traumatique. Ils souhaitent également examiner le rôle de l'empathie, qui prend naissance dans une région cérébrale différente appelée cortex insulaire antérieur, dans le syndrome de stress post-traumatique du témoin.