- La France a franchi une étape clé vers l’autorisation du cannabis médical en notifiant son cadre réglementaire à la Commission européenne.
- Cette avancée, attendue depuis plus d’un an, pourrait permettre l’arrivée des premiers traitements d’ici six mois. Pour éviter une interruption des soins pour les patients actuellement sous traitement, le gouvernement a prolongé leur accès jusqu’en 2026.
- L’expérimentation menée depuis plusieurs années a été jugée concluante, mais les bénéfices du cannabis médical sont débattus, et le cadre de sa distribution et de son remboursement reste à définir avant une généralisation effective.
Après des années d'expérimentation, la France vient de franchir une étape cruciale vers l'autorisation du cannabis thérapeutique. Mercredi 19 mars, le ministère de la Santé a annoncé avoir notifié à la Commission européenne "les textes définissant le cadre de production et d’autorisation du cannabis à usage médical". Une avancée attendue depuis plus d’un an, bloquée par des lenteurs administratives et des incertitudes politiques.
Une expérimentation jugée concluante
Depuis plusieurs années, la France testait l'usage du cannabis à des fins médicales, notamment pour traiter la douleur et l'anxiété. Cette expérimentation ayant été jugée concluante, les parlementaires avaient déjà voté fin 2023 en faveur de la commercialisation de traitements à base de cannabis. Leur mise en application était toutefois jusque-là bloquée, faute de notification officielle à la Commission européenne.
Avec cette démarche enfin enclenchée, les experts estiment qu'il faudra au minimum six mois avant l’arrivée effective de ces traitements sur le marché. Leur remboursement dépendra ensuite d’une évaluation de la Haute autorité de santé (HAS).
Si l'expérimentation a été jugée positive, l'efficacité du cannabis médical reste sujette à débat. Une étude de référence, publiée en 2021 dans le British Medical Journal (BMJ), concluait que ses effets sur les patients étaient "limités" voire "très limités". Cette incertitude scientifique pourrait ralentir son intégration dans le système de santé français.
Un soulagement pour les patients
L'annonce du ministère de la Santé a aussi permis d'éclaircir la situation des patients actuellement sous traitement. L’expérimentation devait initialement se terminer fin 2024, puis avait été prolongée jusqu'à l'été 2025. Finalement, le gouvernement a annoncé un nouveau report jusqu’au printemps 2026. Cette décision vise à éviter une interruption brutale des traitements avant une éventuelle généralisation.
Ludovic Rachou, président de l’Union des industriels pour la valorisation des extraits de chanvre (Uivec), a salué "un soulagement pour les patients qui n’ont plus à se projeter dans une perspective de sevrage" et "un motif d’espoir pour les futurs patients".
Un cadre légal qui reste à préciser
Si cette avancée marque une nouvelle étape vers la généralisation du cannabis thérapeutique en France, plusieurs questions restent en suspens. Le statut des futurs traitements devra être défini, notamment s’ils seront réglementés comme médicaments classiques ou s’ils relèveront d’un statut transitoire, comme prévu initialement pendant cinq ans. Sans compter que la production et la distribution devront être organisées pour assurer un accès encadré et sécurisé. Le chemin vers la légalisation du cannabis médical, emprunté déjà par 22 pays de l'Union européenne, semble donc encore long.