- Une étude australienne révèle que la vitesse de marche et la force de poigne sont des indicateurs précoces du risque de démence.
- En analysant les données de 18.000 seniors, les chercheurs ont constaté qu’une baisse simultanée de ces capacités augmentait le risque de démence de 89 % et de déclin cognitif de 55 %.
- Face à l’augmentation mondiale des cas de démence, intégrer ces évaluations dans les consultations médicales pourrait améliorer la prévention et le suivi des patients.
Et si la vitesse de votre marche et la force de votre poigne pouvaient prédire un risque futur de démence ? Une nouvelle étude menée par l'Université Monash, en Australie et publiée dans la revue Alzheimer's & Dementia, révèle que ces deux facteurs combinés sont des indicateurs précoces plus prédictifs d'un déclin cognitif que lorsqu'ils sont pris isolément.
Une association inédite entre déclin physique et cognitif
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs se sont penchés sur les données de plus de 18.000 adultes en bonne santé initiale, majoritairement âgés de 70 ans et plus, dans le cadre de l'essai ASPREE. Parmi les participants, 2.773 ont développé un déclin cognitif et 558 une démence au cours de l'étude. Lors de l'essai, la force de préhension (autrement dit de poigne) des volontaires a été mesurée à l'aide d'un dynamomètre, tandis que leur vitesse de marche était évaluée en chronométrant un trajet de trois mètres à allure normale. Ces données ont ensuite été comparées à leurs performances cognitives, mesurées à l'aide de tests portant sur la mémoire et la vitesse de traitement de l'information.
Après avoir ajusté les résultats pour prendre en compte des facteurs tels que l'âge, le sexe, le niveau d'éducation, le tabagisme ou encore la consommation d'alcool, les scientifiques ont constaté qu'une combinaison de marche lente et de faible force de poigne augmentait le risque de démence de 79 % et celui du déclin cognitif de 43 %. Ce n'est pas tout : lorsque la vitesse de marche et la force de poigne diminuaient simultanément sur une période de près de cinq ans, le risque de démence montait à 89 % et celui du déclin cognitif à 55 %. C'est la première fois que ces deux mesures physiques sont étudiées ensemble pour analyser leur lien avec la cognition.
Agir contre la progression de la démence
"Une mauvaise fonction physique pourrait être un marqueur du risque futur de déclin cognitif et de démence, résument les chercheurs dans un communiqué. Or, comprendre cette association pourrait améliorer les stratégies de détection précoce et de prévention", à l’heure où la maladie neurodégénérative n'a pas encore de traitement curatif.
Les conclusions de cette recherche sont d'autant plus importantes que la prévalence de la démence est en forte augmentation : "On estime que le nombre de personnes touchées dans le monde passera de 57,4 millions en 2019 à 152,8 millions d'ici 2050". En intégrant ces tests physiques simples dans les examens médicaux de routine, les professionnels de santé pourraient mieux repérer les personnes à risque et proposer des stratégies adaptées pour retarder l'apparition des symptômes.