- A la suite de différentes études sur les animaux, l'Anses propose de classer le CBD comme toxique pour la reproduction humaine.
- Il pourrait avoir des effets sur la fertilité et sur le foetus.
- Un comité d'évaluation des risques devra rendre une décision sur l'évolution de la classification.
Un Français sur dix a consommé du cannabidiol (CBD) en 2022. Le chiffre est issu d’une étude de Santé Publique France. Si l’usage de ce produit se répand, les autorités sanitaires s’inquiètent de ses effets. Dans un communiqué paru le vendredi 21 mars, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) propose de le classer comme "présumé toxique pour la reproduction humaine".
CBD : des usages variés et de plus en plus répandus
"Le cannabidiol est un des nombreux phytocannabinoïdes produits par la plante de cannabis ou chanvre (Cannabis sativa L.), rappelle l’Anses. Les molécules de CBD, tout comme celles de delta-9-tetrahydrocannabinol (THC), sont principalement présentes au niveau des fleurs et des feuilles de la plante. En France, depuis 2021, les produits contenant du CBD sont exemptés de l’interdiction générale concernant les stupéfiants." Ainsi, son usage s’est accru en France et les produits à base de CBD sont aussi bien destinés à de la cosmétique qu’à du vapotage.
Une évaluation des risques sanitaires liés au CBD
Deux ans après son autorisation, l’Anses a démarré des travaux de "classification harmonisée du CBD". L’objectif était d’obtenir une classification adaptée au règlement européen. Dans ce cadre, l’agence a constaté "qu’aucune évaluation des risques sanitaires pour l’humain et l’environnement n’était disponible, alors qu’elle est exigée des fabricants et importateurs". L’Anses a donc lancé une analyse des "dangers du CBD". Pour ce faire, elle a travaillé "à partir de la littérature scientifique et des données accessibles pour les essais pré-cliniques conduits dans le cadre de l’autorisation de mise sur le marché aux États-Unis et dans l’Union européenne de l’Epidyolex®". Ce dernier est un médicament, contenant du CBD, indiqué en tant que traitement complémentaire pour des formes rares d’épilepsie chez l’enfant.
"Des études chez le singe, le rat et la souris ont mis en évidence des effets néfastes du CBD sur la spermatogénèse et la fertilité, ainsi qu’une augmentation de la mortalité périnatale et des altérations du neurodéveloppement", conclut l’Anses. Face à ces données, l’agence propose que le CBD soit classé comme toxique pour la reproduction, soit la catégorie 1B du règlement européen dédiée. Cela signifie qu’il peut nuire à la fertilité et au foetus.
Toxicité du CBD : quelles seront les suites de la proposition de l’Anses ?
Le 17 mars, l’Anses a mis sa proposition en consultation publique. Jusqu’au 16 mai, toutes les parties prenantes peuvent commenter cette proposition, "en apportant le cas échéant des arguments scientifiques complémentaires et des informations dont elles disposent sur les propriétés de danger de la substance". Un comité d’évaluation des risques rendra ensuite un avis sur cette classification. "Ce processus réglementaire concerne uniquement l’évaluation des dangers du CBD et ne détermine pas, à ce stade, les mesures de gestion des risques applicables aux produits contenant cette substance dans les différents secteurs d’usage, indique l’Anses. Ces mesures relèvent des réglementations spécifiques à chaque secteur."