- Trois nouveaux foyers de cancers pédiatriques ont été identifiés en Charente-Maritime : Saint Vivien, L'Houmeau et dans l'ouest de Saintes.
- Ils s'ajoutent à celui de Saint-Rogatien repéré depuis 2017.
- Les associations et les élus appellent l'État à se saisir du dossier et à prendre des mesures.
Une étude, menée par la Ligue contre le cancer et s’appuyant sur le registre général des cancers du CHU de Poitiers, soulève des inquiétudes en Charente-Maritime. Après avoir analysé les dossiers et données recueillies entre 2008 et 2022 sur les moins de 24 ans du département, les médecins ont découvert 3 nouveaux foyers de cancers pédiatriques et de jeunes adultes. Ces excès de cas chez les enfants et les jeunes adultes sont à Saint-Vivien et à L'Houmeau (près de La Rochelle) ainsi que dans les communes à l'ouest de Saintes.
Cancers pédiatriques : des foyers qui s'ajoutent à celui repéré en 2017
Ces trois foyers d’excès de cancers des jeunes s’ajoutent à celui de Saint-Rogatien identifié en 2017.
"On avait le cluster de cancer pédiatrique de Saint-Rogatien, on se rend compte avec cette étude que le problème est bien plus grave que ça, que c'est l'agglomération de La Rochelle, et même le département qui sont concernés. Pour nous, ça change la donne, il va falloir passer la seconde", a confié Franck Rinchet-Girollet, le porte-parole de l'association Avenir Santé Environnement, à France Bleu.
Il appelle l’Etat et les autorités sanitaires à se saisir de ce dossier et à prendre des mesures. "Il n'est plus possible de faire le constat tous les ans, avec des données montrant les excès de cancers pédiatriques, et qu'il ne se passe jamais rien". Pour lui, il faudrait mettre en place un registre territorialisé "qui soit un outil d'alerte et ça devrait clignoter chaque fois qu'on a une sur-incidence de cancers" et que des recherches soient menées pour comprendre le phénomène mis en lumière par le nouveau rapport.
Excès de cancers en Charente-Maritime : quelle est l’origine possible ?
Si actuellement l’origine de ces excès de cancers pédiatriques n’est pas encore clairement déterminée. L’association ainsi que plusieurs élus s’interrogent sur un rôle potentiel des polluants et des pesticides. Les trois communes ont en effet pour point commun d’être à la fois proches de zones d'agriculture intensive.
Le maire de L’Houmeau, Jean-Luc Algay, a expliqué à France 3 Nouvelle Aquitaine, la situation de sa commune : "À l'ouest, on retrouve une partie de 44 hectares qui sont dédiés à la culture intensive, au sud se trouve le marais de Pampin classée Natura 2000, et au nord se trouve le marais de Lauzières avec des cultures ostréicoles. Le problème est que les vents dominants vont de l'ouest vers l'est à 90 % : résultat, toutes les molécules viennent sur le bourg de la commune."
"On a énormément de molécules qui sont, soit des perturbateurs endocriniens, soit cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques. Il faut que l'État se saisisse du sujet et que l'on arrête de laisser ça aux élus locaux. C'est très urgent, c'est une question de santé publique et de savoir quel monde nous voulons pour nos enfants. On se doit de réagir et de faire en sorte que les agents sanitaires arrêtent de laisser les parents seuls avec leurs enfants malades sur le territoire", ajoute Franck Rinchet-Girollet dont l'association avait réalisé des analyses d’urine et de cheveux de 72 enfants vivant à proximité de La Rochelle. Ces tests avaient révélé une présence importante de traces de pesticides, dont certains interdits, dans les échantillons.
Après la publication de ces résultats, le préfet de Charente-Maritime avait demandé à la Commission Nationale du débat public de mener une "mission de conseil". Un rapport devrait être prochainement présenté.