« La chirurgie ambulatoire est une voie d’avenir pour être plus efficient, pour améliorer la qualité des soins et l’organisation d’un établissement, mais ce n’est pas la poule aux œufs d’or qui permettra de dégager 5 milliards d’euros d’économies, a déclaré Frédéric Valletoux, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF).
Depuis le rapport de la Cour des comptes à l’automne dernier, la chirurgie ambulatoire, qui permet au malade d’être opéré et de rentrer chez lui dans la journée, a été régulièrement présentée comme une source importante d’économies pour les établissements de santé. La FHF, qui regroupe les directeurs des hôpitaux publics, a présenté ce mardi sa vision des éventuels gains financiers. « Nous avons fait nos propres calculs, si les hôpitaux faisaient 100 % d’ambulatoire sur les principaux actes possibles, nous ne ferions que 570 millions d’euros d’économies », a expliqué le président de la FHF.
Ecouter Frédéric Valletoux, le président de la FHF. « On a chiffré que sur la soixantaine d’actes réalisables en chirurgie ambulatoire, nous pourrions réaliser 570 millions d’euros d’économies. »
« Attention, à cette vision purement économique, c’est totalement contre-productif », a déclaré, de son côté, le Pr François Richard, chirurgien urologue et président de l’Académie nationale de chirurgie. « La chirurgie ambulatoire est avant tout une opportunité pour améliorer la prise en charge des malades, pour favoriser le développement des innovations. Il s’agit avant tout d’un investissement des équipes pour mieux s’organiser ».
Un point de vue partagé par le Dr Béatrice Vinson-Bonnet qui a exposé le travail des équipes du centre hospitalier intercommunal de Poissy Saint Germain-en-Laye. « Depuis 2010, nous sommes engagés dans un développement de la chirurgie ambulatoire. Cela représente un véritable travail collectif qui mobilise les médecins et tous les soignants, de l’infirmière au brancardier, pour fluidifier et sécuriser le parcours du malade sur une journée ». Première étape, définir si l’état de santé de la personne à opérer permet la chirurgie ambulatoire. Ensuite, un important travail d’information est fait pour s’assurer que la personne a bien compris les enjeux de l’opération, la technique, et surtout si elle a anticipé son retour à domicile. « Tout doit être préparé en amont, mêmes les ordonnances de sortie sont préparées la veille, a indiqué le Dr Béatrice Vinson-Bonnet.
Chirurgie ambulatoire ne signifie pas qu’on lâche les personnes dans la nature après l’opération. « Au contraire, dès le lendemain du retour à domicile, une infirmière est chargée d’appeler le malade pour s’assurer que tout se passe bien, a témoigné le Dr Vinson-Bonnet. Et chaque personne opérée repart avec les coordonnées directes du médecin et du service qui s’est occupé d’elle. « En cas de problème, pas question que cette personne se retrouve aux urgences, elle peut venir directement dans le service spécifique. » Résultat : le CHI Poissy Saint Germain-en-Laye assure 90 % des opérations ophtalmologiques, 30 % des opérations de chirurgie viscérale, 40 % des opérations ORL en ambulatoire.
Dans les hôpitaux publics, le taux moyen de chirurgie ambulatoire se situait autour de 26 % en 2012. La FHF estime qu’il pourrait progresser raisonnablement de 16 points à moyen terme. Elle préconise le développement de centres de chirurgie autonomes communs à plusieurs établissements.
« Ces centres pourraient se spécialiser sur un petit nombre d’actes chirurgicaux, mais ils devraient assurer beaucoup d’interventions dans l’année. Le modèle serait un minimum de cinq actes mais effectué plus d’un millier de fois, a indiqué le Dr Maxime Cauterman, directeur de l’appui et la performance à l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France.