
Souvent associée aux criminels et aux récits captivants de faits divers, la psychopathie est un trouble de la personnalité aux multiples facettes. De nouvelles études, relayées par un duo de chercheuses britanniques dans The Conversation, révèlent notamment que les personnes présentant de forts traits psychopathiques perçoivent la douleur différemment, ce qui pourrait expliquer leur manque d’empathie ou certains comportements à risque ou agressifs.
Une tolérance accrue à la douleur
Les scientifiques ont longtemps observé que les individus situés en haut du spectre des traits psychopathiques ont une tolérance accrue à la douleur. Une étude de 2022 a démontré que ces personnes présentent une activité cérébrale réduite face à la douleur par pression. Dans des travaux plus récents, des chercheurs ont appliqué une pression progressive sur l'ongle de participants pour déterminer leur seuil de douleur. Résultat, les personnes avec un haut niveau de psychopathie ressentaient moins de douleur que les autres, bien que leurs réactions physiologiques, mesurées par la conductance électrique de la peau, comme la sudation, ne différaient pas.
Cela suggère que la différence de perception de la douleur est davantage psychologique que physiologique : elle réside dans l’interprétation psychologique de la douleur plutôt que dans la réponse physiologique. "Nous ne savons pas s’ils feignent de ressentir moins de douleur ou s’ils sont déconnectés de leur propre physiologie", expliquent les autrices. Toujours est-il que cette tolérance accrue à la douleur pourrait expliquer certains comportements problématiques, car ces individus associent moins la douleur à la peur ou à la punition.
Une influence sur l’empathie
Des chercheurs ont ensuite examiné la manière dont ces individus réagissent à la douleur des autres. En leur montrant des images de blessures (main coincée dans une porte, pied sur un morceau de verre), ils ont constaté que les participants "les plus psychopathes" ressentaient moins d’empathie et présentaient des réactions physiologiques plus faibles. Ces résultats sont cohérents avec une étude de 2015, qui avait observé une activité cérébrale réduite chez ces individus lorsqu’ils voyaient d’autres personnes souffrir. Des expériences menées sur des détenus masculins avec des traits psychopathiques ont même montré qu’ils accordaient moins d’attention à la douleur d’autrui.
Une méta-analyse a également révélé que la psychopathie est associée à une activité cérébrale moindre en réponse à la douleur des autres. Un rapport de 2020 a même indiqué que les réseaux neuronaux impliqués dans la perception de la douleur sont également ceux qui gèrent l’empathie. Ainsi, une moindre sensibilité à la douleur pourrait réduire la capacité à comprendre celle d’autrui.
La psychopathie n’est pas toujours négative
Des recherches récentes montrent toutefois que certains traits psychopathiques peuvent être bénéfiques. Une étude de 2022 a notamment mis en évidence que les personnes ayant des niveaux élevés de psychopathie sont souvent plus résistantes au stress. Ce trait peut être avantageux dans certaines professions, notamment la médecine. "Les chirurgiens et autres professionnels de santé montrent souvent des niveaux élevés de traits psychopathiques, en particulier en ce qui concerne l’immunité au stress", précisent les chercheuses. Cette capacité leur permet de rester calmes et rationnels sous pression, prenant ainsi des décisions rapides sans être submergés par l’anxiété.