
La giardiase. Ce nom ne vous parle peut-être pas. Pourtant, il s’agit de la première cause d’infection intestinale parasitaire chez l’humain et les animaux de compagnie, notamment le chien. Provoquée par le protozoaire Giardia intestinalis, elle se caractérise par des diarrhées, des douleurs abdominales, des nausées et une perte de poids.
Si la maladie est généralement bénigne, la résistance croissante du parasite aux traitements anti-parasitaires complique sa prise en charge. Mais les équipes d’INRAE, du MNHN et de l’EnvA, en collaboration avec Boehringer Ingelheim Animal Health (BIAH), ont trouvé une nouvelle piste thérapeutique : la bactérie probiotique Lactobacillus johnsonii CNCM I-4884.
La bactérie du microbiote intestinal crée un environnement toxique pour le parasite
Lors de leur recherche d’un traitement alternatif, les scientifiques se sont intéressés à la bactérie du microbiote intestinal L. Johnsonii, car elle est capable de transformer les sels biliaires conjugués, essentiels à la croissance du parasite G. intestinalis, en sels biliaires déconjugués qui sont toxiques pour lui.
L’équipe a voulu améliorer la résistance de la souche de L. johnsonii CNCM I-4884 aux sels biliaires en laboratoire. Pour cela, elle a exposé les bactéries à des concentrations croissantes de sels biliaires.
"Grâce à ce processus de sélection, ils ont identifié la souche mutante la plus prometteuse, présentant l’activité de transformation des sels biliaires la plus élevée et une meilleure persistance lors de sa culture", précise le communiqué publié le 27 mars 2025.
Les chercheurs ont testé leur souche bactérienne modifiée sur des animaux infectés par le parasite G. intestinalis. Les résultats montrent une baisse de la charge parasitaire de 64,4 % chez les bêtes traitées avec cette dernière contre 48,8 % avec la bactérie naturelle. Ainsi, la souche mutante de L. johnsonii serait 15 % plus efficace contre la giardiase.
Bientôt un traitement probiotique contre la giardiase
En s'appuyant sur ses travaux publiés dans la revue Gut Microbes, l’équipe a développé un médicament probiotique basé sur la bactérie mutante L. johnsonii. Ce traitement est en phase finale de test clinique et devrait prochainement être disponible pour les chiens.
"Les résultats de cette étude ouvrent de nouvelles perspectives pour le développement de médicaments probiotiques contre la giardiase pour l’animal, mais aussi pour l’humain dans un futur proche", assurent les auteurs.