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Fin de vie : l'étude qui révèle comment se passent les derniers mois

Par Paul-Emile François

Des chercheurs suédois se sont penchés sur l'état de santé des personnes âgées dans leur dernière année de vie. Leurs travaux confirme l'écart important entre l'augmentation de la longévité et l'espérance de vie en bonne santé.

Fin de vie : l'étude qui révèle comment se passent les derniers mois
iStock/doble-d
L'espérance de vie dans le monde est passée de 47 ans en 1950 à 73 ans aujourd'hui.
Mais cette augmentation de la longévité ne correspond pas à l'évolution de l'espérance de vie "en bonne santé".
Deux tiers des décès après 70 ans interviennent après une dernière année de vie marquée par la maladie et le besoin de soins.

C'est une étude qui renvoie à deux sujets au coeur de l'actualité de la santé : l'importance de la prévention et la fin de vie à propos de laquelle, en France, un projet de loi devrait être débattu prochainement au Parlement. Des chercheurs de l'institut Karolinska en Suède se sont penchés sur la manière dont les personnes âgées meurent dans les pays développés, ceux qui contribuent largement à ce que l'espérance de vie soit passée depuis 1950 de 47 ans à 73 ans aujourd'hui.

Et les résultats de ces travaux, publiés dans l'American Journal of Public Health, montrent que dans les deux tiers des cas les décès de personnes âgées surviennent après une dernière année de vie marquée par un recours massif à des soins et souvent dans des états de dépendance. 

Une accumulation de la maladie et du besoin de soins en fin de vie

Leur étude a analysé la façon dont se sont passés les 12 derniers mois de vie des personnes de plus de 70 ans en Suède dont le décès est intervenu entre 2018 et 2020. Sa principale conclusion est assez pessimiste : "La plupart de ces décès ne correspondent pas à ce que l'on appelle une 'bonne mort', celle qui permet de garder le contrôle de sa vie et nécessite peu de soins, ce qui indique que l'allongement de l'espérance de vie résulte en partie d'un processus de mort prolongée". Une transition entre la vie et la mort qui, selon les auteurs de l'étude "peut prendre des jours, des mois ou des années", phénomène accentué par des progrès médicaux "pouvant entraîner une période prolongée d'accumulation de la maladie et du besoin de soins en fin de vie".

Les observations mentionnées dans cette étude illustrent donc bien un phénomène connu : l'allongement de l'espérance de vie ne correspond pas à une augmentation de la longévité en bonne santé. L'écart entre les deux serait compris entre 10 et 15 ans aux Etats-Unis. 

Prolonger la vie en bonne santé

Première implication de cette étude : l'importance de prolonger les années de vie en bonne santé. Ce qui renvoie au sujet de la prévention permettant d'éviter ou de ralentir les maladies les plus invalidantes par une surveillance organisée dès le plus jeune âge et par des actions sur les modes de vie, alimentation, exercice physique, préservation du lien social et lutte contre l'alcoolisme ou le tabagisme.

Mais elle pose aussi la question de la prise en charge des malades en fin de vie. Les travaux des chercheurs suédois permettent d'y voir plus clair sur l'ensemble des trajectoires de ces moments terminaux de l'existence. "La question de savoir quand commence le chemin vers la mort est une question essentielle à laquelle toute réponse sera incomplète mais il est important de tenter de la trouver lorsqu'il s'agit, par exemple, de décider si une stratégie de traitement curatif ou palliatif est la plus adaptée à un patient", souligne leur étude.