
Comme en France, les médecins britanniques signalent les effets secondaires liés à des médicaments présentés par leurs patients auprès d’un organisme baptisé Medicines and Healthcare products Regulatory Agency (MHRA ; Agence de réglementation des médicaments et des produits de santé).
En étudiant le registre, des chercheurs du Queen Mary University of London ont découvert que 9 % des effets indésirables rapportés dépendent en partie des gènes du patient. Et la plupart de ces réactions étaient associées à seulement trois gènes.
Effets indésirables : 3 gènes mis en cause
Pour cette étude publiée dans PLOS Medicine le 27 mars 2025, l’équipe a analysé plus de 1,3 million de rapports d'effets indésirables soumis au dispositif de la MHRA. 115.789 signalements (9 %) découlaient de traitements dont le risque d'effets secondaires peut être lié en partie aux gènes du patient. Une découverte étonnante a été faite en les observant plus attentivement. 75 % de ces réactions étaient associées à trois gènes qui influencent la façon dont un individu assimile les médicaments : CYP2C19, CYP2D6, SLCO1B1.
Les chercheurs ont également remarqué que les patients ayant ces effets secondaires liés à la génétique étaient plus susceptibles d’être des hommes, d'être âgés et de présenter des effets secondaires graves, mais non mortels.
"Les médicaments présentant le plus grand nombre d'effets indésirables évitables par la personnalisation de la prescription grâce à l'information génétique étaient les traitements des troubles psychiatriques (47 %) et des problèmes cardiovasculaires (24 %)", précisent les auteurs dans leur communiqué.
Médicament et génétique : vers des prescriptions personnalisées ?
Est-ce que l’analyse des gènes d’un patient pourrait aider à identifier les traitements les plus efficaces pour lui ? La réponse est oui, selon les essais cliniques menés par les chercheurs. Ils ont montré que l'utilisation de l'information génétique pour guider la prescription préventive, par exemple pour ajuster la dose ou choisir un autre médicament, permet d'éviter les effets indésirables et d'améliorer les résultats pour les patients.
"Il s'agit de la plus vaste analyse du rôle potentiel de la pharmacogénomique dans les effets indésirables, issue d'un système national de déclaration spontanée. Elle suggère que 9 % de ces déclarations pourraient être liées à notre patrimoine génétique. Ce phénomène aurait pu être évité si nous avions mesuré le patrimoine génétique de la personne avant de prescrire ces médicaments", explique le professeur Sir Mark Caulfield, vice-principal à Queen Mary et co-auteur de l’étude.
Le chercheur et ses collègues appellent ainsi à l'intégration des tests pharmacogénomiques à la pratique clinique pour personnaliser les prescriptions et rendre les médicaments plus sûrs pour les patients.