- Une étude révèle un lien entre le fait d'être gaucher et certains troubles du neurodéveloppement, tels que l'autisme ou la schizophrénie.
- Cette relation expliquerait en partie le nombre plus important de gauchers chez ces patients.
- Cependant, d'autres facteurs physiques, génétiques et environnementaux sont liés à la détermination de la main dominante.
Les gauchers représentent uniquement 10 % de la population. Ils sont en petit nombre mais questionnent les scientifiques, qui réfléchissent notamment à la structure et au fonctionnement de leur cerveau.
Des chercheurs néerlandais ont découvert des variants rares chez les gauchers, qui peuvent être liés à des troubles du neurodéveloppement tels que l’autisme ou la schizophrénie.
Un gène impliqué dans l’autisme jouerait un rôle chez les gauchers
Lors de ces travaux présentés dans la revue Nature, les scientifiques du Max Planck Institute for Psycholinguistics (Nimègue, Pays-Bas) ont repris les dossiers médicaux de plus de 350.000 personnes provenant de l'UK Biobank, une vaste étude britannique débutée en 2007. L'équipe a découvert que des mutations rares et spécifiques du gène TUBB4B de la tubuline beta étaient liées au fait d'être gaucher. D'après leurs résultats, ce gène a 2,7 fois plus de chances de contenir des variants codants rares chez les gauchers. Le TUBB4B est un gêne lié aux protéines de microtubules constituant le squelette cellulaire, appelé également cytosquelette. Ces protéines seraient également liées aux asymétries constatées dans le cerveau telles que la partie gauche qui gère le langage ou la main dominante.
Les chercheurs ont poursuivi leurs travaux et ont découvert des liens entre les gauchers et les variants codants de ce gène aussi impliqué dans l'autisme et la schizophrénie, comme DSCAM et FOXP1. "La présente étude suggère que des variants rares et codants dans ces gènes sont également pertinents pour la gaucherie, ce qui soulève la possibilité que le développement altéré de l'axe gauche-droit du cerveau fasse partie de l'étiologie de l'autisme lorsqu'il est causé par des mutations DSCAM ou FOXP1", expliquent les scientifiques.
Les autistes ont plus de chance d’être gauchers
D'après les auteurs de l'étude, leurs résultats pourraient également expliquer une observation faite régulièrement : les autistes sont entre 2 et 3,5 fois plus susceptibles d’être gauchers. Cependant, même si leurs travaux mettent en évidence un lien génétique entre la main dominante et ces deux troubles du neurodéveloppement, les chercheurs insistent sur le fait que la contribution des gènes DSCAM et FOXP1 représente un peu moins de 1 % de l’héritabilité (le degré d'influence probable des facteurs génétiques, NDLR) de la gaucherie.
Ils estiment donc que d'autres facteurs génétiques, physiques et environnementaux sont aussi impliqués dans la détermination de la main dominante.