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Marathon et arrêts cardiaques : toujours des risques mais moins de décès

Par Stanislas Deve

Le risque d’arrêt cardiaque chez les coureurs de marathons reste stable depuis quinze ans, mais leur chance de survie a doublé ces dernières années, selon une étude.

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Chez les marathoniens, le taux d’arrêts cardiaques est resté quasiment inchangé depuis 2010, passant de 0,54 à 0,60 pour 100.000 participants. En revanche, le taux de décès liés à ces incidents a chuté de moitié, passant de 0,39 à 0,19 pour 100.000 coureurs.
La raison de ce mieux ? La présence accrue de défibrillateurs, une meilleure formation aux premiers secours et une meilleure prise de conscience du risque cardiaque.
Alors que les arrêts cardiaques "sont souvent des événements potentiellement évitables", l’étude souligne également l'importance d’identifier les coureurs à risque pour renforcer la prévention.

Alors que plus en plus de courageux se lancent dans des marathons aux États-Unis, une nouvelle étude se veut rassurante : le risque de mourir d’un arrêt cardiaque pendant une course de fond a considérablement diminué ces dernières années. C’est la principale conclusion de l’étude menée par Jonathan Kim, professeur associé à l’Emory School of Medicine aux Etats-Unis, et publiée dans le JAMA.

Un risque stable, mais une mortalité en forte baisse

Selon cette recherche, bien que le taux d’arrêts cardiaques chez les coureurs de marathon soit resté stable, la probabilité d’y survivre a doublé. "Nous voyons toujours des reportages sur des cas malheureux d’arrêts cardiaques pendant des courses longue distance, explique le Pr Kim dans un communiqué. Mais ces événements sont-ils plus fréquents ? Les causes les plus courantes ont-elles changé ? Quels sont les facteurs associés à la survie ?"

C’est pour répondre à ces questions que l’étude a examiné les données de plus de 29 millions de marathoniens ayant terminé une course entre 2010 et 2023. Résultat : le taux d’arrêts cardiaques est resté quasiment inchangé, passant de 0,54 à 0,60 pour 100.000 participants. En revanche, le taux de décès liés à ces incidents a chuté de moitié, passant de 0,39 à 0,19 pour 100.000 coureurs. Dans le détail, 176 arrêts cardiaques ont été recensés, soit 1 sur 172.413 marathoniens entre 2010 et 2019, et 1 sur 123.457 entre 2020 et 2023.

Comme auparavant, les arrêts cardiaques restent bien plus fréquents chez les hommes que chez les femmes et surviennent plus souvent lors des marathons (42,195 kilomètres) que des semi-marathons (21,0975 km). A noter enfin que, désormais, la cause principale des arrêts cardiaques n’est plus la cardiomyopathie hypertrophique, mais l’athérosclérose coronarienne (40 % des cas identifiés).

Une meilleure prise en charge des urgences

Pourquoi une telle diminution du taux de mortalité ? Jonathan Kim attribue cette amélioration à une meilleure prise de conscience du risque cardiaque et à la présence accrue de services d’urgence sur les courses. "Ce que nous avons constaté, c’est que chaque personne ayant survécu a bénéficié d’une réanimation cardio-pulmonaire immédiate, et dans la grande majorité des cas, un défibrillateur automatisé externe était disponible. C’est ce qui fait la différence", affirme le chercheur. Cela rejoint d’ailleurs les observations faites dans d’autres lieux publics équipés de défibrillateurs, comme les aéroports et les casinos, où les taux de survie après un arrêt cardiaque ont également augmenté.

Identifier les personnes les plus vulnérables avant la course

Pour le Professeur Kim, ces résultats montrent l’importance de la formation aux gestes de premiers secours pour les participants et de la mise en place stratégique de défibrillateurs le long des parcours. Il préconise également d’identifier les personnes les plus vulnérables avant même qu’elles ne prennent le départ d’une course.

"Ce sont souvent des événements potentiellement évitables, insiste le chercheur. Identifier les individus à risque, souvent plus âgés et présentant des facteurs cardiovasculaires méconnus, ne signifie pas qu’ils ne doivent pas courir, mais cela permet d’améliorer leur suivi médical et de réduire encore le risque d’arrêt cardiaque pendant ces épreuves."