
Touchant près de 10 % des femmes, l’endométriose se caractérise par la présence, hors de la cavité utérine, de tissu semblable à celui de la muqueuse de l’utérus, appelée endomètre. Cette pathologie, qui évolue de la puberté à la ménopause, est multifactorielle, c’est-à-dire qu’elle se développe en présence de plusieurs facteurs concomitants. Une nouvelle étude, publiée dans la revue JAMA Psychiatry, a suggéré que la santé mentale pouvait contribuer à un risque accru.
Afin de parvenir à cette conclusion, une équipe internationale de chercheurs, dont ceux de l’Institut de biomédecine de l’université de Barcelone (Espagne), a examiné le lien entre les expériences traumatisantes et stressantes et l’endométriose. Les scientifiques ont utilisé des données observationnelles et génétiques provenant de 8.276 femmes atteintes d'endométriose et de 240.117 personnes en bonne santé dites témoins de la UK Biobank, une base de données biomédicales contenant des informations génétiques, de mode de vie et de santé anonymisées, ainsi que des échantillons biologiques prélevés au Royaume-Uni.
"Davantage de cas d'endométriose liés à des traumatismes émotionnels, physiques et sexuels"
Les adultes souffrant d'endométriose étaient plus susceptibles de faire état d'expériences traumatisantes et d'événements stressants dans l'enfance et à l'âge adulte que les personnes en bonne santé. Dans le détail, les femmes touchées par l'endométriose étaient 17 % plus enclines d'avoir été témoins d'une mort subite, 16 % plus susceptibles d'avoir subi une agression sexuelle à l'âge adulte et 36 % plus susceptibles de recevoir un diagnostic mettant leur pronostic vital en jeu. "Davantage de cas d'endométriose pourraient être liés à des traumatismes émotionnels, physiques et sexuels. (…) Les traumatismes de l'enfance, par exemple le sentiment d'être détesté par un membre de la famille durant l'enfance et les violences physiques subies, étaient liés à l'endométriose, soulignant le rôle potentiel des expériences négatives précoces dans le risque et la progression de l'endométriose", ont précisé les auteurs.
Endométriose : des mécanismes indépendants de la prédisposition génétique
Autre constat : l’association entre le risque génétique d'endométriose et les traumatismes ne semble pas être due à une interaction directe entre les gènes et l'environnement. "Bien que ces résultats doivent être confirmés par d'autres recherches, ils suggèrent que nous pourrions concevoir des programmes de dépistage précoce de l'endométriose prenant en compte les antécédents de traumatisme physique ou d'autres facteurs de risque. Cela permettrait d'identifier et de traiter la maladie de manière plus complète et plus efficace", ont conclu les chercheurs.