Et si quatorze jours de burgers, frites, sucreries et autres aliments transformés suffisaient à bouleverser durablement notre santé ? C'est ce que révèle une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Medicine, menée conjointement par des chercheurs tanzaniens et néerlandais. En remplaçant pendant seulement deux semaines leur alimentation traditionnelle saine par un régime "de type occidental", autrement dit malsain, des jeunes hommes en bonne santé ont vu leur système immunitaire se dérégler, accompagné d'une augmentation notable de l'inflammation. Des effets nocifs qui ont persisté plusieurs semaines après le retour à leur alimentation habituelle.
Un changement express, des conséquences durables
Pour arriver à ce constat, les chercheurs ont observé 77 hommes originaires du nord de la Tanzanie, âgés de 20 à 40 ans et divisés en trois groupes. Le premier, composé d'hommes vivant en zone rurale, a temporairement adopté un régime occidental riche en aliments transformés (frites, saucisses, pain blanc, porridge avec du sucre ajouté...). Première observation : en seulement deux semaines, ils ont pris en moyenne 2,6 kg. Par ailleurs, leur sang présentait une vingtaine de marqueurs d'inflammation en hausse, une activité génétique associée à l'inflammation accrue, ainsi qu'une baisse de la réactivité immunitaire. "Leur système immunitaire est devenu temporairement moins efficace", résument les scientifiques dans un communiqué.
À l'inverse, les participants vivant en ville qui étaient passés au régime traditionnel dit Kilimandjaro ont vu leur niveau d'inflammation diminuer et leur métabolisme s'améliorer. Composée de légumes verts, de légumineuses, de plantains, manioc, mil et sorgho, cette alimentation riche en fibres et en composés végétaux a montré des effets protecteurs significatifs. Même la consommation d'une boisson fermentée locale, le Mbege, à base de banane, a eu des effets anti-inflammatoires, en l’espace de sept jours seulement.
Quand la mondialisation altère notre immunité
Cette étude souligne combien les changements alimentaires rapides, induits par la mondialisation, peuvent favoriser l'explosion des maladies chroniques. "Même une courte exposition à un régime occidental peut déclencher des processus inflammatoires durables", préviennent les chercheurs, qui insistent sur l'importance de préserver les traditions culinaires locales, garantes d'une meilleure santé immunitaire.
Pour celles et ceux qui vivent dans des pays industrialisés, cette étude sert également de leçon : même sans revenir à une alimentation ancestrale, réduire les produits ultra-transformés et intégrer plus de végétaux à son assiette - à l'image du régime méditerranéen qui a montré de nombreux bénéfices - pourrait être une stratégie efficace pour limiter l'inflammation chronique. Pour rappel, celle-ci fait le lit de nombreuses pathologies, à commencer par les maladies cardiovasculaires et neurodégénératives, l'obésité, le diabète, certains types de cancers ou encore les maladies intestinales comme Crohn.