- Des chercheurs ont découvert que des cellules immunitaires de l'intestin empêchent une attaque contre les allergènes alimentaires.
- Si l'étude a été menée sur des souris, les mêmes cellules immunitaires intestinales ont été repérées chez l'Homme.
- Cette découverte pourrait ouvrir la porte à de nouvelles stratégies thérapeutiques contre les allergies alimentaires.
Selon les estimations, 8 % des enfants et 3 % des adultes souffrent d’une allergie alimentaire. Mais, ces statistiques pourraient être revues à la hausse. La littérature scientifique montre, en effet, que ces réactions immunitaires anormales sont de plus en plus fréquentes et plus complexes à prendre en charge depuis plusieurs années. Toutefois, la découverte de chercheurs de l'école de médecine de l’université de Washington pourrait offrir une nouvelle stratégie pour réduire les risques d’allergie.
Selon leurs travaux publiés sur le site de la revue Cell, des cellules immunitaires intestinales pourraient aider à prévenir les allergies alimentaires.
Intestins : les cellules RORγt+ luttent contre les allergènes
Pour faire la lumière sur les acteurs qui aident à prévenir les réactions allergiques, les scientifiques ont décidé d’étudier de plus près les cellules dendritiques RORγt+. Il s’agit de cellules immunitaires intestinales. Ils ont ainsi réuni des souris dont le système en était dépourvu et d’autres qui en avaient. Ils leur ont ensuite donné de l'ovalbumine, une protéine hautement allergène présente dans le blanc d'œuf.
Les rongeurs qui n’avaient pas de cellules RORγt+, présentaient des signes d'inflammation pulmonaire allergique alors que les autres non. En analysant les cellules immunitaires intestinales, l’équipe a remarqué un déséquilibre entre les lymphocytes T qui déclenchent et ceux qui atténuent les réponses immunitaires aux particules alimentaires chez les souris allergiques.
"En supprimant les cellules dendritiques RORγt+ de l'intestin des souris, nous avons brisé la tolérance aux allergènes alimentaires", explique le Pr Patrick Rodrigues, un des co-auteurs de l’étude. "Cette découverte nous incite désormais à voir si nous pouvons faire l'inverse : prévenir les allergies alimentaires en stimulant l'activité de cette population cellulaire. Étant donné la présence de cellules dendritiques RORγt+ chez l'Homme, notre découverte ouvre une nouvelle voie prometteuse pour la prise en charge des allergies alimentaires et d'autres maladies immunitaires intestinales, comme la maladie cœliaque ou les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin", ajoute l’expert dans le communiqué de son établissement.
Allergie alimentaire : une découverte qui pourrait aboutir sur un traitement préventif
Pour les chercheurs, leur découverte est, en effet, une nouvelle piste de recherche pour lutter contre les allergies alimentaires. Le second auteur de l’étude Shitong Wu, explique : "cibler l'activité des cellules dendritiques RORγt+ pourrait agir encore plus en amont pour empêcher le déclenchement d'une réponse immunitaire. Si cela se révèle vrai, une thérapie soutenant l'activité de cette petite population de cellules pourrait offrir une tolérance durable aux allergènes alimentaires".
Le Dr Marco Colonna, professeur de pathologie à la faculté de médecine de l'Université de Washington, ajoute que ces cellules immunitaires intestinales pourraient aider à lutter contre un trouble difficile à prendre en charge et qui impacte la qualité de vie.
"Le manque de traitements pour prévenir et gérer les allergies alimentaires complique ce problème de santé publique croissant. Maintenant, que nous connaissons les facteurs qui induisent la tolérance aux allergènes alimentaires, nous pouvons concevoir des stratégies innovantes pour les cibler thérapeutiquement et potentiellement prévenir ou traiter les allergies alimentaires."