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Essais chez le chien

Myopathie : des résultats spectaculaires grâce au Téléthon

Par Mathias Germain

Une thérapie génique a permis de redonner une activité musculaire normale à des animaux atteints de myopathie myotubulaire. Des essais chez l'homme devraient être menés en 2015. 

WITT/SIPA

Avancée prometteuse contre une forme de myopathie très rare qui concerne un garçon sur 50 000 naissances. Il s’agit de la myopathie congénitale myotubulaire, une terrible maladie qui rend à la naissance, l'enfant anormalement mou et en détresse respiratoire. L'évolution est souvent rapidement fatale. Lorsqu’une réanimation respiratoire permet à l'enfant de passer le cap néonatal, il est susceptible d'acquérir avec beaucoup de retard la station assise, la station debout et même la marche.

« La qualité de vie de ces enfants est terrible. Comme ils ne peuvent pas respirer, ils ont une trachéotomie et sont constamment sous assistance respiratoire, ce qui augmente les risques d’infection, indique le Pr Fulvio Mavilio, directeur scientifique du Généthon, et pionnier dans le domaine des thérapies géniques. Jusqu’à présent, il n’existait pas de traitement, mais les chercheurs sont sur la piste d’une thérapie génique très encourageante.

Le gène mutant a été remplacé
Cette forme de myopathie est due à la mutation d’un gène : le gène MTM1, qui permet la fabrication de la myotubularine, une protéine importante pour la contraction des muscles. Or, les chercheurs ont réussi à remplacer chez l’animal souffrant de cette myopathie le gène muté en utilisant un virus. Le virus rendu inoffensif appartient à la famille des adénovirus, qui ont la particularité d’avoir un brin d’ADN. Les chercheurs modifient cet ADN, lui ajoutent le gène médicament, un gène MTM1 fonctionnel. Ils injectent une quantité de ces virus modifiés (AAV) chez l’animal malade et les virus portent le gène médicament au cœur des cellules musculaires qui peuvent alors produire de la myotubularine.


Ecouter le Pr Fulvio Mavilio, directeur scientifique du Généthon. « Le succès dans la myopathie tubulaire s’explique par le fait que la quantité de protéines (myotubularine) suffisante pour traiter les symptômes est très petite : 5 à 10 % de la quantité normale suffit pour redonner de la fonction aux muscles respiratoires et squelettiques. »


Dès 2009 dans les laboratoires du Généthon à Evry, l'équipe du Dr Anna Buj Bello, chercheur de l'Inserm, a réalisé les premières études de thérapie génique par voie intraveineuse sur des souris atteintes de cette myopathie. 

2 chiens traités sont presque normaux
Leur succès a conduit au développement d'une étude chez le chien naturellement porteur de cette anomalie génétique, avec des équipes américaines de Boston et de Seattle. Les résultats viennent d’être publiés dans la revue Science Translational Medicine. « Deux des chiens traités avec cette thérapie génique AAV semblent presque normaux, même au niveau microscopique », a déclaré le Dr Martin Childers de l'Université de Washington, le premier auteur de l’étude. « Ces résultats pré-cliniques sont extraordinaires pour les maladies musculaires héréditaires. » (Voir la vidéo)

Une excellente nouvelle pour le Dr Anna Buj Bello, investigatrice principale à Généthon. « Ces résultats sont l'aboutissement de 4 années de recherche et montrent à quel point la thérapie génique est efficace dans cette maladie génétique du muscle. Nous pouvons enfin envisager un essai clinique chez les patients. » Peut-être d’ici 2015, mais il reste encore quelques étapes pré-cliniques à franchir, comme à déterminer la dose tolérable de virus vecteurs à injecter chez l’homme.

Ecouter le Pr Fulvio Mavilio, directeur scientifique du Généthon. « C’est très impressionnant. Je n’ai jamais vu de tels résultats en terme d’efficacité. Cela donne de l’espoir pour les autres pathologies qui peuvent être traitées avec la même approche thérapeutique. »


Le directeur scientifique du Généthon a aussi souligné que ces résultats impressionnants dans le traitement d'une maladie rare ont été possibles grâce aux dons obtenus par le Téléthon.