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Pré-éclampsie : une surveillance cardiovasculaire recommandée dès 35 ans

Par Geneviève Andrianaly

Chez les femmes enceintes ayant souffert de pré-éclampsie, les facteurs de risque cardiovasculaire apparaissaient en moyenne huit ans plus tôt que chez les patientes épargnées par cette complication.

Pré-éclampsie : une surveillance cardiovasculaire recommandée dès 35 ans
Henadzi Pechan/iStock
Les facteurs de risque cardiovasculaire, tels que l’hypertension, le diabète et l’hypercholestérolémie, apparaissent en moyenne huit ans plus tôt chez les femmes ayant fait face à une pré-éclampsie.
Avec l’âge, la prévalence de l'hypertension augmente plus fortement après cette complication de la grossesse.
Pour réduire le risque élevé de maladies cardiovasculaires, une évaluation systématique du risque est justifiée à partir de 35 ans chez les patientes et doit être répétée au moins tous les 5 ans.

Touchant 2 à 5 % des femmes enceintes, la pré-éclampsie, qui résulte d’un dysfonctionnement du placenta, se caractérise par la présence d’une hypertension artérielle et de protéines dans les urines. Outre le risque à court terme pour la santé du fœtus et de la mère, la pré-éclampsie représente un danger pour la santé cardiovasculaire de la maman. Problème : "les recommandations n'incluent pas de conseils spécifiques sur la nécessité, le moment et la fréquence d'une évaluation cardiovasculaire systématique, ce qui est probablement dû à un manque de données empiriques", a déclaré Emma Janssen, professeure de l’université de Maastricht (Pays-Bas).

Hypertension, diabète : des taux élevés huit ans plus tôt chez les femmes ayant souffert d’une pré-éclampsie

Dans le cadre d’une nouvelle étude, présentée le 4 avril, au congrès scientifique de la Société européenne de cardiologie, ESC Preventive Cardiology 2025, la chercheuse et son équipe ont examiné la prévalence à long terme des facteurs de risque cardiovasculaires chez les femmes ayant souffert de pré-éclampsie par rapport à celles dont la tension artérielle était normale durant la grossesse. Pour les recherches, les scientifiques ont recueilli les données de 1.040 personnes ayant subi une pré-éclampsie et 518 adultes en bonne santé, dont la grossesse n’a pas été accompagnée de complications. L'évaluation du post-partum comprenait les antécédents médicaux et l'examen physique, la mesure de la pression artérielle sur 30 minutes, des prélèvements de sang et d'urine sur 24 heures, la mesure de la fonction vasculaire et l'électrocardiographie.

Les résultats ont montré des taux plus élevés d'hypertension, de diabète et d'hypercholestérolémie, individuellement ou combinés, après une pré-éclampsie qu'après des grossesses normotendues. Selon les auteurs, ces facteurs de risque sont apparus en moyenne huit ans plus tôt dans le groupe pré-éclampsie que dans le groupe de femmes ayant vécu une grossesse sans complications. En outre, la prévalence de l'hypertension a augmenté plus fortement avec l'âge après une pré-éclampsie. Chez les participantes ayant connu une pré-éclampsie à partir de 35 ans, l'hypertension a atteint le seuil de risque de maladies cardiovasculaires jugé suffisamment élevé pour justifier une évaluation systématique.

"Une évaluation du risque cardiovasculaire à partir de 35 ans et répétée au moins tous les 5 ans"

"Après la prise en charge de leur pré-éclampsie, ces femmes passent souvent à travers les mailles du filet, sans être orientées vers un suivi spécialisé. Nous devons surveiller régulièrement ces patientes afin de détecter toute hausse des facteurs de risque à une période de leur vie où une telle accumulation peut être inattendue. (…) Une évaluation systématique du risque cardiovasculaire est justifiée à partir de 35 ans et devrait être répétée régulièrement, au moins tous les 5 ans, pour permettre à ces femmes de bénéficier de mesures préventives appropriées afin de réduire leur risque élevé de maladies cardiovasculaires et de séquelles potentielles", a souligné Emma Janssen.