Après avoir consacré son rapport 2012 à la fin de vie à domicile, l’Observatoire national de la fin de vie (ONFV) a remis officiellement, ce 21 janvier, son rapport 2013 à la ministre de la Santé, un opus consacré à la fin de vie des personnes âgés. Il en ressort qu'll y a urgence à modifier les politiques publiques sinon ce sera « un véritable naufrage social, » estiment les auteurs de ce rapport.
Et pour rendre compte de la réalité de la fin de vie dans cette population, l’ONFV publie des chiffres. Un suicide sur trois en France concerne une personne âgée, ce qui représente tout de même 3000 drames de ce type chaque année. Par ailleurs, les experts de l’ONFV pointe une autre problématique du doigt : alors que 80% des Français souhaitent finir leurs jours à leur domicile, dans la réalité seule une minorité des personnes âgées en fin de vie y parviennent. Les trois quart des personnes qui finissent leur vie en EHPAD n’ont donc pas choisi d’y vivre et leur entrée dans ces établissements se fait bien souvent à cause de l’impossibilité d’une prise en charge de qualité à domicile.
Ecoutez le Pr Régis Aubry, président de l’ONFV : « Le plus urgent c’est de se donner les moyens de maintenir à domicile les personnes qui le souhaitent et pour le moment, en France, les aides à domicile notamment, ne sont pas suffisantes. »
Mais le rapport précise également qu’il y a cependant certaines personnes âgées qui souhaitent élire domicile dans ces établissements spécialisés et y finir leurs jours. Le problème c’est que bien souvent, en cas d’urgence, en particulier la nuit, et faute de professionnels de santé formés à la fin de vie, ces personnes âgées sont transférées à l’hôpital. « Dans les EHPAD, la difficulté principale c’est l’absence de moyen du type infirmière de nuit qui permettrait de maintenir ces personnes sur le lieu qui est devenu leur lieu de vie » précise le Pr Régis Aubry. Selon le rapport, moins de 15% des maisons de retraite ont une infirmière de nuit. Si la totalité des établissements en disposait d’une, cela permettrait d’éviter 18 000 hospitalisations de fin de vie chaque année.
Ecoutez le Pr Régis Aubry : « Il y 25% des personnes institutionnalisées qui ne souhaitent pas être hospitalisées, qui sont hospitalisées pour aller mourir aux urgences. »
Pour améliorer la prise en charge de la fin de vie des personnes âgées, l’ONFV fait donc 10 propositions concrètes et « peu coûteuses ». Des recommandations de bonnes pratiques pour les professionnels de santé, à l’amélioration de la formation de professionnels de l’aide à domicile, jusqu’à l’élaboration d’outils de repérage des personnes âgées en fin de vie aux urgences, ce rapport préconise donc une véritable politique de la fin de vie. Cependant, Régis Aubry sera vigilant. « Au moment où se réfléchit une évolution de la loi concernant la fin de vie et l’assistance au suicide, sans remettre en question cela, mon souci est de dire, attention il ne faudrait pas que nous maintenions des situations d’indignité dans ce pays qui justifieraient que ces gens veuillent mourir ».