- Les dérives sectaires dans le domaine de la santé sont en forte hausse, du fait de la prolifération de pratiques de soins non conventionnelles (PSNC) non validées scientifiquement.
- La Miviludes alerte sur les risques graves que ces méthodes peuvent entraîner, comme l’abandon de traitements médicaux ou la mise en danger de patients vulnérables.
- Face à ces dérives, la Miviludes, le ministère de l’Intérieur et la Ligue contre le cancer renforcent leur coopération pour mieux informer les malades.
"L’heure est grave", a alerté François-Noël Buffet, ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, à l'occasion de la publication du dernier rapport de la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Le document, présenté mardi 8 avril, dresse un constat alarmant : les dérives sectaires dans le domaine de la santé, en particulier autour des pratiques de soins non conventionnelles (PSNC), sont en nette augmentation.
Des pratiques banalisées mais non validées scientifiquement
Entre 2022 et 2024, la Miviludes a reçu 4.571 saisines, un chiffre en hausse de 13,7 % par rapport à 2021 et de 111 % depuis 2015. Sans surprise, les thèmes de la santé et du bien-être arrivent en tête (37 % des signalements), devant les cultes et spiritualités (35 %). La crise sanitaire du Covid-19 a joué un rôle amplificateur, notamment chez les plus jeunes.
Séances de Reiki, magnétisme, bol tibétain... Ces pratiques alternatives, souvent perçues comme "douces" ou "complémentaires", sont de plus en plus présentes jusque dans les établissements de santé. Pourtant, "la grande majorité de ces PSNC n’a pas été approuvée scientifiquement", rappelle la Miviludes. Le danger survient lorsque certains "pseudothérapeutes [sans] diplôme reconnu par l’Etat" prétendent "substituer les PSNC à la médecine conventionnelle, excluant totalement le recours à celle-ci".
Le rapport mentionne des dérives graves : préconisation de régimes alimentaires drastiques, soins à base de pierres (lithothérapie), ou encore examen de tumeur par "appareil russe à résonance magnétique qui contredit le diagnostic de cancer". L’organisme dénonce aussi la pratique de l’urinothérapie (le fait de boire son urine), "fatale pour certaines victimes", et l’aromathérapie quantique, qui a poussé une patiente atteinte de troubles psychiatriques à abandonner son traitement.
Les illusions du jeûne alimentaire
Parmi les tendances les plus inquiétantes : la promotion du jeûne alimentaire comme remède miracle, en particulier via des stages « particulièrement onéreux » combinant parfois jeûne poussé à l’extrême et activité physique intense, comme une randonnée. "S’il y a actuellement des débats relatifs aux effets du jeûne, jeûner n’a pas pour effet de vaincre des maladies telles que le cancer. Or, c’est ce que soutiennent certains groupes", prévient la Miviludes, précisant que des décès liés à des stages de ce type "ont été signalés à l'autorité judiciaire".
En 2024, 45 signalements ont été transmis au parquet, soit plus du double par rapport à l’année 2021. Face à ces dérives qui augmentent, la Miviludes, le ministère de l’Intérieur et la Ligue contre le cancer renforcent leur coopération pour mieux informer les malades et leur proposer des adresses où ils peuvent bénéficier de soins de support sécurisés.