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L’interview du week-end

Cancer colorectal : "Il est essentiel que les patients restent en mouvement tout au long du parcours de soins"

Par Geneviève Andrianaly

Durant la prise en charge médicale des personnes atteintes des cancers du côlon et du rectum, les soins de kinésithérapie peuvent faire la différence pour récupérer physiquement et moralement, selon Perrine Mattheuws, kinésithérapeute au Centre Hospitalier de Bligny.

Cancer colorectal : "Il est essentiel que les patients restent en mouvement tout au long du parcours de soins"
nd3000/iStock

- Pourquoi docteur : Le cancer colorectal est la deuxième cause de décès par cancer en France. Pourtant, lorsqu’il est détecté à un stade précoce, c'est-à-dire qu'il est relativement petit et ne s'est pas propagé loin de son point d'origine, cette tumeur se guérit dans 9 cas sur 10. Mais une fois diagnostiquée, quelle est la meilleure prise en charge pour améliorer l’état de santé et la qualité de vie des patients ?

Perrine Mattheuws : Afin de traiter les différents symptômes et d’aider les personnes à vivre le mieux possible avec la maladie, une prise en charge pluridisciplinaire, mais surtout personnalisée et individualisée, est indispensable. Ainsi, les patients doivent consulter plusieurs médecins, dont les compétences sont complémentaires, tels qu’un psychologue, une diététicienne ou encore un kinésithérapeute, comme moi.

- En tant que kinésithérapeute, quel est votre rôle dans la prise en charge du cancer colorectal ?

Lors des consultations, mon objectif est de faire bouger les patients, car il est essentiel que les patients restent en mouvement tout au long du parcours de soins. Durant la chimiothérapie, avant ou après la chirurgie, on les incite, par exemple, à se mettre régulièrement debout, bien que cela leur fasse peur, mais également, voire même surtout, les rassurer et leur faire comprendre qu’ils vont pouvoir reprendre progressivement une vie normale.

Cancer colorectal : "En favorisant la production des endorphines, l’activité physique diminue les effets secondaires des traitements"

- Pourquoi ce soin est essentiel pour les malades ?

En favorisant la production des endorphines, l’activité physique diminue les effets secondaires des traitements, tels que la fatigue, les douleurs articulaires, la fonte musculaire (la sarcopénie induite par la chimiothérapie). En outre, l’exercice améliore l’appétit et le sommeil. Le fait d’être moteur de leur bien-être aide les malades à se sentir mieux mentalement. Par ailleurs, cela permet de rencontrer d’autres personnes et d’échanger.

En cas de stomie, soit l'abouchement chirurgical d'un segment du tube digestif à la peau en dehors de son emplacement naturel via une sonde ou alors par une jonction directe, les soins de kinésithérapie peuvent permettre d’aiguiller les personnes et de leur donner des astuces, comme ne pas porter des charges lourdes les premiers mois ou bloquer et mettre sa main contre la poche quand on tousse afin de ne pas solliciter les abdominaux.

"Deux ou trois semaines après l’opération, les malades se sentent mieux, n’ont plus peur de bouger"

- Comment se déroulent les séances de kinésithérapie ?

En général, les abdominaux sont encore fragilisés en raison de l’incision lors de l’intervention. On va essayer le moins possible de solliciter cette zone, mais tout de même faire des exercices pour aider les malades à se redresser. Par exemple, se mettre dans une position de roulement puis fléchir en avant ou se mettre dans une position inclinée pour cibler les problèmes de dos. Ces exercices peuvent ensuite être réalisés chez eux. Pour certains patients, on peut opter pour des massages ou de l’électrothérapie, qui utilise l'énergie de l'électricité pour soulager et traiter divers troubles.

- Comment de séances sont nécessaires ?

Généralement, deux ou trois semaines après l’opération, les malades se sentent mieux, n’ont plus peur de bouger et reprennent confiance en eux. Par la suite, on les redirige alors vers des séances d’activité physique adaptée (APA).