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Neurodéveloppement

Diabète pendant la grossesse : un risque pour le cerveau de l'enfant ?

Par Stanislas Deve

Une vaste étude révèle que le diabète maternel pendant la grossesse est associé à un risque accru de troubles du neurodéveloppement chez l’enfant, comme l’autisme ou le TDAH.

Diabète pendant la grossesse : un risque pour le cerveau de l'enfant ?
NataliaDeriabina / istock
Une vaste méta-analyse révèle que le diabète pendant la grossesse est associé à un risque accru de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant, comme l’autisme ou le TDAH.
Le risque est encore plus marqué lorsque le diabète est présent avant la grossesse, bien que le lien de causalité reste incertain.
Ces résultats soulignent l’importance d’un suivi médical pour les femmes enceintes à risque et de la surveillance du développement de leurs enfants.

Une nouvelle étude d'envergure vient renforcer les soupçons liant le diabète gestationnel à un risque accru de troubles neurodéveloppementaux chez l'enfant, comme l’autisme ou le trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Publiée dans The Lancet Diabetes & Endocrinology, cette méta-analyse a examiné les données de plus de 56 millions de couples mère-enfant issues de 202 études antérieures.

Un lien statistique mais pas encore causal

D’après les chercheurs, les enfants nés de mères qui étaient diabétiques pendant la grossesse présentent un risque accru de 28 % d'être diagnostiqués avec un trouble du neurodéveloppement. Ce chiffre se décline en fonction des pathologies : +25 % pour l'autisme, +30 % pour le trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), et +32 % pour la déficience intellectuelle. Les troubles de la communication, les problèmes moteurs et les troubles des apprentissages affichent également une hausse du risque, respectivement de 20 %, 17 % et 16 %.

L'étude révèle que le risque est encore plus élevé (jusqu'à +39 %) chez les enfants dont les mères étaient diabétiques avant même la grossesse, par rapport à celles ayant développé un diabète gestationnel.

Bien qu’impressionnants, ces chiffres ne permettent toutefois pas de conclure à une relation de cause à effet. Comme le soulignent les scientifiques dans un communiqué de Reuters : "Les méta-analyses nous permettent de comparer les groupes plus précisément. En revanche, elles ne nous rapprochent pas de la compréhension des causes ou des mécanismes sous-jacents."

Un risque plus marqué avec un diabète préexistant

Fait intéressant : sept des études incluses ont comparé les enfants touchés par des troubles neurologiques à leurs frères et sœurs non touchés. Ces comparaisons intrafamiliales n'ont pas retrouvé d'effet lié au diabète maternel, ce qui suggère que des facteurs génétiques ou environnementaux partagés pourraient être en jeu.

Pour les auteurs de la méta-analyse, ces résultats soulignent "l'importance d'un accompagnement médical pour les femmes à risque de diabète et d'une surveillance continue de leurs enfants". La prévention et le suivi semblent en effet être les meilleures armes pour mettre toutes les chances de son côté, concluent-ils. Le diabète gestationnel touche jusqu'à 9 % des grossesses aux États-Unis et jusqu’à 16 % en France métropolitaine, et ces proportions sont en hausse, selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) américains et la Fédération française des diabétiques.