- Des échelles permettent d'évaluer la douleur des nourrissons et d'adapter les traitements.
- Selon une étude de l'organisation Cochrane, les preuves scientifiques de la pertinence de ces outils sont insuffisantes.
- Une autre échelle, basée sur des preuves fiables, pourrait être créée à la suite de ces travaux.
Les scientifiques ne savent pas évaluer la douleur des bébés. Dans un rapport paru le 14 avril, des experts de l’organisation Cochrane annoncent avoir analysé plus d’une vingtaine d’échelles de la douleur des nourrissons. "Malgré l'importance cruciale de mesurer avec précision la douleur chez les nouveau-nés, l'examen a révélé qu'aucune des échelles disponibles n'est étayée par les preuves de haute qualité", concluent-ils.
La plupart des échelles de la douleur des nourrissons manquent de fiabilité
En préambule de leur étude, ils rappellent que 6 à 9 % des nouveau-nés doivent être admis dans une unité de soins intensifs néonatals (USIN) en raison d'une maladie liée à la prématurité. "Ces nourrissons subissent quotidiennement de multiples procédures douloureuses, ce qui peut entraîner des effets négatifs à long terme, indiquent-ils. Pour cette raison, des outils valables pour soutenir l'évaluation de la douleur sont d'une grande importance."
Ils se sont appuyés sur les résultats de 79 études, rassemblant au total un échantillon de plus de 7.000 nourrissons dans 26 pays. Au total, ils ont étudié 27 échelles de notation clinique de la douleur.
"Plus de 70 % des échelles de notation de cet examen n'ont pas évalué le contenu et la validité structurelle, et ces deux facteurs sont essentiels lors de la sélection d'un instrument de mesure, annonce Kenneth Färnqvist, physiothérapeute de l'Institut Karolinska en Suède. Sans une base solide dans ces domaines, d'autres mesures nécessaires, telles que la fiabilité, ne peuvent être évaluées avec précision." Face à ces résultats, les auteurs recommandent au personnel médical de ne pas "trop se fier" aux échelles d’évaluation de la douleur existantes et de "s'efforcer de réduire autant que possible les procédures douloureuses dans cette population vulnérable".
Douleur des nouveaux-nés : pourquoi est-il si important de savoir l’évaluer ?
Ces chercheurs rappellent que la mesure de la douleur chez les nouveau-nés est particulièrement complexe par rapport aux adultes. "De telles limitations peuvent entraîner une surestimation ou une sous-estimation de la douleur, entraînant une sédation inutile ou une douleur insuffisamment traitée, mettant potentiellement en péril la sécurité du nourrisson par le biais d'effets secondaires du traitement, y compris des symptômes de sevrage ou un inconfort prolongé, détaillent-ils. Les bébés prématurés compliquent encore les choses, car ils ont souvent une capacité réduite à afficher un comportement douloureux robuste en raison de leur immaturité."
Vers de nouvelles évaluations de la douleur des nourrissons ?
Pour Emma Persad, médecin et doctorante au Département de la santé des femmes et des enfants de l'Institut Karolinska, ces résultats, bien que "décevants", représentent l’opportunité de "progresser dans l'évaluation de la douleur néonatale, en particulier grâce à la collaboration et à l'innovation mondiales". Ces travaux sont l’occasion de développer une nouvelle échelle, rigoureusement validée, et répondant "à tous les contrôles nécessaires avant sa mise en œuvre dans la recherche et la pratique".