
"Le sommeil est essentiel au développement du cerveau, en particulier chez les nourrissons et les enfants en bas âge. Cependant, de nombreux matelas contiennent des produits chimiques qui peuvent nuire au cerveau des enfants." C’est ce qu’ont récemment montré des chercheurs de l'université de Toronto (Canada). Afin de parvenir à cette découverte alarmante, l’équipe a mené une étude au cours de laquelle elle a mesuré les concentrations de produits chimiques, notamment d'orthophtalates, d'esters organophosphorés et de filtres UV (benzophénones, salicylates et benzotriazoles phénoliques), dans l’air de 25 chambres d'enfants âgés de 6 mois à 4 ans.
Les matelas, la principale source de produits chimiques dans l’environnement de sommeil des enfants
Selon les résultats, publiés dans la revue Environmental Science & Technology Letters, des niveaux inquiétants de plus de deux douzaines de phtalates, de retardateurs de flamme et de filtres UV ont été trouvés dans l'air des chambres. Dans le détail, 28, 31 et 30 composés ont été détectés. Les concentrations autour des matelas étaient à des niveaux plus élevés, ce qui indique une exposition accrue pendant le sommeil et des sources provenant du contenu des matelas. "Les articles de literie étaient probablement des sources de phosphate de tris. Les matelas plus anciens présentaient des concentrations plus élevées de phtalate de di-2-éthylhexyle et de phtalate de benzyle et de butyle."
Dans une recherche complémentaire, les scientifiques ont testé 16 matelas pour enfants nouvellement achetés. Les données ont confirmé que les enfants sont exposés à des niveaux élevés de composés organiques semi-volatils dans leur micro-environnement de sommeil. "Nous avons détecté 21 composés organiques semi-volatils de quatre classes (orthophtalates, esters organophosphorés, benzophénones et salicylates) dans 16 nouveaux matelas pour enfants." Après avoir simulé la température et le poids corporels des tout-petits sur les matelas, les auteurs ont noté que les émissions chimiques avaient augmenté considérablement, jusqu'à plusieurs fois.
Phtalates, retardateurs de flamme : désencombrer les espaces de couchage des enfants pour réduire l’exposition
Pour rappel, les phtalates et les retardateurs de flamme organophosphorés mesurés dans ces travaux sont des perturbateurs endocriniens et sont liés à des troubles neurologiques, notamment des troubles de l'apprentissage, une baisse du QI, des problèmes de comportement et des troubles de la mémoire. Certains sont également liés à l'asthme et au cancer infantiles. Selon les chercheurs, les enfants sont particulièrement vulnérables à l'exposition, car ils sont encore en développement, ont des comportements de portage main-bouche et ont une fréquence respiratoire dix fois supérieure à celle des adultes. Leur peau est également plus perméable et leur surface cutanée, par rapport à leur poids corporel, est trois fois plus grande que celle des adultes.
Face à ces données inquiétantes, l’équipe appelle les fabricants à tester leurs produits afin de détecter la présence de ces substances toxiques avant de les mettre sur le marché. En outre, elle souligne la nécessité d'une réglementation plus stricte. "Les parents devraient pouvoir coucher leurs enfants en sachant qu'ils sont en sécurité et bien au chaud", a déclaré Arlene Blum, qui a participé à l’étude complémentaire. En attendant, les scientifiques recommandent aux parents de prendre des mesures pour réduire l'exposition de leurs enfants. Pour cela, ils leur conseillent de désencombrer leur espace de couchage en réduisant le nombre d'oreillers, de couvertures et de jouets et en lavant régulièrement la literie.