La peau basanée, les yeux bleus, barbe et cheveux bruns, d'origine ibérique. Ce n'est pas le portrait de l'homme idéal, mais celui de l'Homme qui vivait en Espagne il y a 7 000 ans. Une équipe de chercheurs a utilisé les corps de deux hommes du Mésolithique, trouvés dans la grotte de La Brana-Arintero, dans la province de Leon (Espagne). Leurs résultats sont parus ce 26 janvier dans la revue Nature.
Un homme éloigné de nos contemporains
Les chercheurs ont récupéré une dent qui portait toujours l'ADN de ces hommes préhistoriques. Ils sont parvenus à séquencer le génome complet de ce chasseur-cueilleur et à retracer son portrait robot. Grâce à cette étude, il est aussi possible de dresser l'état de santé de nos ancêtres, notamment de déterminer l'effet du développement de l'agriculture et de la domestication.
L'étude du génome de l'homme du Mésolithique suggère que, parmi les hommes d'aujourd'hui, les Nordiques en sont les plus proches. Cet homme était porteur d'une mutation qui s'exprime par les yeux bleus. En revanche, les Européens actuels sont relativement éloignés de l'homme préhistorique ibérique.
Un peau claire apparue avec l'agriculture
La peau de l'homme du Mésolithique était foncée, beaucoup plus que celle de nos contemporains. « La plus grande surprise a été de découvrir que cet individu possède des versions africaines des gènes qui déterminent la pigmentation des Européens actuels, ce qui indique qu'il avait une peau foncé, même si nous ne pouvons pas en déterminer la nuance exacte », affirme Carles Lalueza-Fox, directeur de la recherche. La peau claire n'est apparue que tardivement chez l'Homme préhistorique. Elle serait liée, selon les chercheurs, à un changement de régime alimentaire, plus faible en vitamine D. L'arrivée de l'agriculture et de la domestication serait en partie responsable de cela.
La flore intestinale de l'homme préhistorique analysée
Enfin, l'homme de La Brana avait un système digestif différent du nôtre, notamment sur le plan de la flore intestinale. Le lait et l'amidon, présent dans les céréales et les pommes de terre, n'étaient pas consommés. Nos ancêtres étaient porteurs d'une mutation qui les rendait intolérants au lactose. Ils n'étaient pas non plus équipés génétiquement pour un régime riche en amidon. Le corps s'est adapté plus tard à ces deux produits, lorsque les hommes ont commencé la culture de céréales et l'exploitation des animaux.
Voilà qui permet de préciser encore un peu l'état de santé des hommes préhistoriques. Des études ont déjà montré qu'ils souffraient d'athérosclérose, de caries et de douleurs dentaires. D'autres analyses ont permis de dater plus précisément des évolutions physiques, comme celle du processus styloïde, un relief osseux qui permet à la main d'être plus habile.