Le 11 mars 2011, un séisme de degré 9 sur l’échelle de Richter frappait la région nord du Japon, provoquant un puissant tsunami. La zone de Fukushima où se trouve la centrale nucléaire de Daiichi a notamment été touchée par une vague de 15 mètres provoquant un accident nucléaire majeur jamais constaté jusqu’alors au Japon. Le dernier bilan officiel des autorités japonaises fait aujourd'hui état de 15 880 morts et 2 694 disparus. Un bilan sous-estimé pour de nombreux Japonais et associations de victimes. Surtout qu'à présent, des victimes collatérales de cette tragédie apparaissent, et notamment les enfants.
Les enfants du tsunami 3 fois plus touchés par des troubles du comportement
Lors d'une conférence organisée ce dimanche, des chercheurs japonais de l'Université du Tōhoku (Sendai) ont présenté leurs travaux : ils ont étudié de septembre 2012 à juin 2013 le comportement de 178 enfants des trois préfectures les plus touchées par le tsunami. Et le constat des auteurs est sans appel : 25,9 % des enfants de 3-5 ans contrôlés souffrent de troubles comportementaux. La liste de ces symptômes est longue. Elle va d'accès de violence, d'une forme de claustration, à d'autres symptômes divers tels que des vertiges, des nausées ou des maux de tête.
Par comparaison, cette proportion d'enfants à la santé mentale fragile est près de trois fois supérieure à celle constatée dans d'autres régions japonaises non affectées par la catastrophe du 11 mars 2011.
Marqués par la perte d'amis et la disparition de leur maison
Dans une interview qu'il a accordé à l'Agence France Presse (AFP), le Pr Shigeo Kure de l'Université du Tohoku s'est dit lui-même « surpris par le pourcentage atteint, qu'il n'escomptait pas si élevé. »
Selon cette enquête commandée par le ministère de la Santé japonais, les enfants victimes de ces perturbations psychologiques ont souvent été marqués par la perte d'amis ou la disparition de leur maison. Mais encore par la vision récurrente du mur d'eau qui s'est abattu sur les villes du littoral. Enfin, certains enfants souffrent encore davantage, cumulant les troubles mentaux du fait de la séparation avec leurs parents décédés ou disparus.
Une prise en charge rapide est nécessaire
« Ces enfants, s'ils ne reçoivent pas des soins appropriés dès à présent, pourraient rencontrer des problèmes bien pires ultérieurement dans leur développement et leurs facultés d'apprentissage », avertissent les auteurs du rapport.
Pour cette raison, « un soutien psychologique intensif doit être apporté immédiatement aux enfants qui ont subi ce genre de traumatisme », insiste le chercheur Takeo Fujiwara, l'un des principaux auteurs de l'étude.
D'ailleurs, les 178 enfants concernés, dont les parents ont accepté qu'ils participent à cette étude, vont continuer d'être suivis tous les ans durant une décennie.
Cependant, cette mission ne sera pas des plus faciles, avertissent déjà les scientifiques, car les régions sinistrées par le tsunami manquent cruellement de spécialistes de la petite enfance, y compris dans la principale ville concernée, Sendai, où vivent plus d'un million de personnes.