Souffrir de flatulences intempestives n’est jamais facile à vivre, mais lorsque ce trouble digestif vous empêche de pratiquer votre profession cela devient un vrai handicap. C’est la situation désastreuse que vit actuellement Amy Herbst, chanteuse d’opéra américaine et pour laquelle elle réclame 2,5 millions de dollars de dommages et intérêt à l’hôpital de Nashville. En effet, la cantatrice de 33 ans accuse les médecins ayant pratiqué son accouchement en février 2012 d’être à l’origine de sa retraite forcée.
Selon elle, l’épisiotomie réalisée sans son consentement ce jour-là, certes pour faciliter le passage de son bébé, serait bel et bien la cause des flatulences dont elle souffre de façon incontrôlable et qui surtout l’empêchent désormais d’exercer son métier. Cette intervention qui consiste à pratiquer une incision entre le vagin et l’anus, dans la zone périnéale, aurait mal cicatrisé selon elle, causant des dommages irréversibles sur son sphincter anal. De plus, Amy Herbst aurait également des douleurs quotidiennes, toujours à cause de cette épisiotomie. Un chirurgien interrogé par le Daily Mail explique qu'une nouvelle opération pourrait en partie "réparer les dommages, mais que cela n'éliminerait pas les flatulences, d'autres interventions seraient peut-être nécessaires".
Le consentement pas toujours demandé en France non plus
En France, alors qu’elle a longtemps été pratiquée systématiquement, on estime désormais que 35% des femmes ont une épisiotomie lors de leur accouchement. En 2005, le Collège national des gynécologues obstétriciens français (CNGOF) a publié des recommandations dans lesquelles il prenait acte qu’il n’y avait pas d’indications prouvées à l’épisiotomie systématique et proposait de viser un taux global de 30% d’épisiotomies au lieu des 47% constatés à l’époque.
Une enquête réalisée par la Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE) et publiée en novembre 2013 sur 9783 accouchements par voie basse dont 6300 depuis 2010, atteste de l’effort fait par la communauté médicale pour modifier ses pratiques. Le taux d’épisiotomie s’établit à 30% sur la période 2010-2013 (47% pour un premier accouchement, 16% pour les suivants). En outre, selon le CIANE, les femmes s’estiment mieux informées sur cet acte, même si, dans 85% des cas, le consentement n’est toujours pas demandé. Sur ce point, le collectif préconise que des mesures soient mises en place pour que la demande de consentement soit effective et respectée pour toutes les femmes. La loi de 2002 sur les droits des patients précise qu’ "aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne."