Le Pr Israël Nisand ne décolère pas. Le chef du service de gynécologie du CHU de Strasbourg vient de remettre un rapport au gouvernement sur la sexualité des adolescents. Avec toujours le même constat alarmant : le nombre d’IVG chez les mineures continue de progresser de 1% à 5% par an depuis 25 ans, résume Ondine Millot dans Libération. Il y en avait près de 9000 en 1990, il y en 3000 de plus en 2009. « C’est un sujet tabou dont tout le monde se fout, tonne le spécialiste, parce que cela concerne des jeunes filles démunies et qu’il n’y pas d’enjeu électoral. Jeannette Bougrab, secrétaire d’Etat à la Jeunesse, reconnaît que ce sujet est un « marqueur social ». Et il soulève un paradoxe. L’IVG et la pilule du lendemain bénéficient de la gratuité et de l’anonymat pour les mineures, relève le quotidien, mais pas la contraception.
Autre retard, l’information sur la sexualité à l’école est bien inscrite dans la loi mais elle est très faiblement appliquée. Entre 2009 et 2011, la population des 15-24 ans ayant eu une relation sexuelle avec un nouveau partenaire sans contraception est passée de 19 à 40%. Explication du Pr Nisand, en France, la sexualité des ados reste un tabou. Face à ce constat, l’auteur du rapport propose la gratuité et la confidentialité pour la contraception des mineures. Plusieurs laboratoires auraient, selon lui, accepté de vendre les contraceptifs à prix coûtant à l’Etat. Ce plan, précise la journaliste, reviendrait à 80 euros par an par jeune fille mais il permettrait de réduire des deux tiers le nombre d’IVG. Et une interruption de grossesse coûte 500 euros !