Dans une interview accordée au Guardian en juin dernier, l’acteur américain Michael Douglas révélait que son cancer de la langue n’était pas dû au tabac ou à l’alcool mais à la pratique du cunnilingus. Une déclaration, en apparence fantaisiste, qui a tout de même permis de rappeler que le papillomavirus, virus sexuellement transmissible impliqué dans la grande majorité des cancers du col de l’utérus, est également responsable de plus d’un tiers des cancers de la cavité buccale.
Selon une étude publiée dans le journal de l’Académie américaine d’Oto-rhino-laryngologie et chirurgie de la tête et du cou, l’incidence de ces cancers dits oropharyngés connaît une hausse alarmante. Entre 1973 et 2009, le nombre de cancers de la langue, des amygdales, du palais et du pharynx a augmenté de 60% chez les moins de 45 ans, révèle une équipe de l’hôpital Henri Ford à Détroit. Et cette moyenne cache une disparité ethnique : une augmentation de 113% dans la population d’origine caucasienne alors que le nombre de cancers oropharyngés diminuait au cours de la même période de 52% chez les Afro-américains. Il y a également une inégalité de genre : les hommes sont deux fois plus touchés par les cancers de la cavité buccale que les femmes. « Cette incidence croissante des cancers oropharyngés a largement été attribuée à la révolution sexuelle des 1960s et 70s, qui a augmenté les transmissions à haut-risque du papillomavirus humain (HPV) », explique l’oncologue Farzan Siddiqui, premier auteur de cette étude. Indépendamment des consommations d’alcool et de tabac qui sont des facteurs de risque majeurs de ce type de cancers, c’est donc la banalisation du sexe oral qui a contribué à cette hausse.
Meilleur pronostic pour les cancers buccaux liés au HPV
Pour autant, il n’y a pas de discours médical stigmatisant le cunnilingus ou la fellation. Les données actuelles soulignent même que le pronostic et la survie des cancers oropharyngés liés au HPV sont meilleurs que lorsque les co-facteurs alcool et tabac viennent compliquer le tableau clinique. Selon les auteurs de l’étude, l’augmentation de ces cancers chez les moins de 45 ans suggèrerait même des modes de transmission non sexuels du papillomavirus ou une période de latence raccourcie entre l’infection et le développement de cancer.