Ce jeudi, le site Internet Mediapart fait état d'un nouveau scandale sanitaire. Et cette fois-ci, c'est au CHRU de Strasbourg que se déroule l'affaire, chez le plus gros employeur de la région Alsace. Un médecin de cet hôpital dénonce en effet aujourd'hui les accidents répétés dans le traitement de patients victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC), à cause d'une prise en charge trop tardive. Ces accidents seraient liés à la difficulté pour les urgentistes d'obtenir un examen IRM. Mais l'affaire prend une tout autre ampleur car, selon le médecin, les équipements seraient occupés par des malades non-hospitalisés ou par les clientèles privées de certains radiologues.
3 plaintes ont déjà été déposé
Les journalistes relatent un évènement qui s'est déroulé le 20 mars 2013. Ce jour-là, Emilio Gentile, 60 ans, est atteint par des troubles de la parole et une paralysie du côté gauche. Son AVC est diagnostiqué grâce à une IRM, avec trois semaines de retard, après deux visites inutiles aux urgences du CHU de Strasbourg. C'est en fait son médecin généraliste, lors d'une consultation, qui reconnaît enfin les symptômes. L'homme en question est aujourd’hui handicapé à 80 %.
Par ailleurs, plus tôt, en 2008, puis en 2010, deux évènements similaires ont eu lieu dans ce même hôpital. Résultat, Mediapart fait état de trois plaintes qui auraient déjà été déposées.
Ces patients sont soutenus dans cette bataille par le Pr Christian Marescaux, responsable de l’unité neurovasculaire de l’hôpital de Hautepierre (un des deux sites du CHU), qui prend en charge les AVC. Sur le site d'infos, ce médecin prend publiquement la parole contre une partie de ses collègues. Il considère que « ces retards répétés d’accès aux IRM sont des pertes de chances inacceptables, car ils sont la conséquence de dysfonctionnements auxquels l’hôpital ne parvient pas à mettre un terme. »
Des équipements occupés par la clientèle privée de certains radiologues
Pourtant, les symptômes de l'AVC sont connus des médecins. Ils auraient ainsi dû être repérés très vite par le CHU de Strasbourg. Surtout que l’AVC est une urgence immédiate. En effet, plus le traitement ou l’intervention sont tardifs, plus les dommages (handicaps physiques et mentaux, décès) sont importants. Le seul examen susceptible de confirmer ou d’infirmer le diagnostic est un IRM dans les plus brefs délais, disent les recommandations.
Mais dans le 2ème accident par exemple, celui d'Alexandra Belhadj 20 ans (aujourd'hui handicapée à 79 %), Mediapart s'est procuré les plannings de cet hôpital en ce jour de 2010
Le site révèle, entre autres, que « de 8 heures à 11 heures, les deux IRM de l’hôpital de Hautepierre étaient occupées par les consultations privées des chefs de service de radiologie. Puis à partir de 11 heures et jusqu’en fin de journée ont défilé les patients ambulatoires, c’est-à-dire non hospitalisés : des IRM cérébrales, mais aussi beaucoup d’IRM du poignet, de la cheville, du genou...»
Au final, Mediapart note que seuls trois patients hospitalisés ont bénéficié cet après-midi-là d’un examen sur ces machines. Ces dernières ont même été arrêtées entre 18 heures et 20 heures. Pour sa part, ce n’est qu’en début de soirée qu’Alexandra a pu bénéficier enfin d’une IRM, qui plus est "mal lue". La patiente a dû en effet attendre jusqu’à 15 heures le lendemain pour que le cliché soit correctement lu et le diagnostic posé.
Le CHU dit s'être amélioré depuis ces accidents
Du côté du CHU de Strasbourg, le directeur général par intérim de cet hôpital, Jean-François Lanot, estime que,« s’il y a eu un problème avec cette patiente, tel qu’un défaut d’organisation des services, alors elle est en droit de nous demander des comptes. Mais depuis l’acquisition d’une cinquième IRM en 2011, il y a eu une formidable amélioration. Nous pouvons aujourd’hui satisfaire tous les besoins », conclut-il.