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68 médicaments sur liste noire

Par Philippe Berrebi

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C’est désormais un sport national. Régulièrement, des listes noires de médicaments envahissent les colonnes des journaux et donnent lieu à polémique pendant quelques jours. Que ce soit des grands patrons en quête de scènes médiatiques ou des revues spécialisées qui souhaitent apporter un contrepoids à la parole de l’industrie pharmaceutique, le constat est identique, certains médicaments ne servent à rien ou présentent des dangers.
Aujourd’hui, la revue Prescrire publie la mise à jour de sa liste de médicaments « plus dangereux qu’utiles » qui devraient être écartés « dans l’intérêt des patients ». Au total, 68 médicaments dont la balance bénéfices-risques est, selon eux, défavorable. A n’en pas douter, ce travail minutieux des médecins de Prescrire repose sur des études rigoureuses ou même des avis des agences sanitaires. Cette publication fait œuvre utile dans le rang des professionnels en suscitant le débat.

Mais lorsque l’information franchit le cercle des prescripteurs pour se disperser dans l’opinion, quel effet produit-elle ? Salutaire ou délétère ? Les médecins peuvent alors être confrontés à des situations difficiles dans lesquelles leur patient a décidé d’arrêter brutalement son traitement sous prétexte que le médicament est sur la liste. D’autres jetteront à la poubelle leur armoire à pharmacie car « tous les médicaments sont à mettre dans le même sac ».

Au final, le but recherché, mener une réflexion utile sur les molécules mises sur le marché, ne sera pas atteint puisque l’irrationnel aura pris le dessus dans un débat mort-né.

Depuis les derniers scandales, l’Agence nationale de sécurité du médicament a opéré sa mue en limitant les liens d’intérêt de ses experts et en jouant la transparence. C’est une première étape. Il en faudra d’autres pour rétablir un climat serein autour du médicament. Entre confiance aveugle et rejet massif.