« Le cancer en France est la pathologie dans laquelle les inégalités de santé sont très marquées par rapport aux autres pathologies et par rapport aux autres pays européens, » pointait en août dernier le rapport d’orientation pour le 3ème Plan cancer. La lutte contre les inégalites sociales et territoriales devrait donc être la grande priorité de ce Plan portant sur la période 2014-2018 qui sera dévoilé demain par François Hollande.
Mettre en place des indicateurs d’inégalités
Pour réduire cette fracture sociale, le Pr Jean-Paul Vernant, auteur du rapport d'orientation, avait donc rédigé des recommandations. Ainsi, il proposait la mise en place d’indicateurs de mesure et de contrôle de ces inégalités sociales ou géographiques. Une réduction qui pourrait être suivie par exemple par un indicateur comme celui de la mortalité prématurée par cancer.
D’autre part, ces experts estimaient que la prévention primaire des cancers devaient être sensiblement repensée, pour s’adresser, avec des méthodes adaptées et efficaces, aux groupes à risque et aux populations précaires. Que ce soit pour le dépistage du cancer du sein ou du cancer colorectal, toutes les enquêtes montrent d’importantes disparités selon les territoires, l’âge et les caractéristiques socio-économiques. Enfin, un dernier indicateur pourrait être celui des inégalités de survies. Etant donné que la survie résulte de la prise en charge, en estimant mieux la survie, tout en intégrant des données sociales et professionnelle, il serait plus facile d’identifier les inégalités de prise en charge.
Des innovations au juste prix
« Face à une technicité de plus en plus importante, il conviendra de prendre garde que les innovations thérapeutiques ne soient pas l’occasion d’accentuer les inégalités sociales et territoriales déjà trop importante, » précisait au moment de la remise de son rapport d’orientation le Pr Vernant. Tout en saluant le développement et le progrès des équipes de chercheurs en cancérologie durant les deux précédents plans, ils plaident également pour que les « pouvoirs publics prennent leurs responsabilités et négocient avec les industriels afin que ces innovations soient commercialisées à leur juste prix. » D’autre part, le rapport précisait que l’accès aux soins continuait de poser problème dans notre système de santé, notamment à cause des dépassements d’honoraires, des restes à charge, mais aussi des délais de diagnostic ou de prise en charge.
En décembre 2012, François Hollande avait rappelé que « le risque de mourir » d’un cancer entre 30 et 65 ans était deux fois plus élevé chez les ouvriers que chez les professions libérales. Reste à savoir si les annonces du Président de la République demain aboutiront réellement à une amélioration concrète de cette situation.