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QUESTION D'ACTU

Des dispositifs dans les centres de lutte contre le cancer

Plan cancer : le retour à l'emploi pour reprendre sa vie

François Hollande présente ce matin le 3e plan cancer. Objectif affiché : réduire les inégalités sociales jusque dans l’après-cancer. L'aide au retour à l'emploi est une priorité.   

Plan cancer : le retour à l'emploi pour reprendre sa vie Caiaimage / Rex Feature/REX/SIPA




Lever les obstacles à la réinsertion professionnelle des personnes atteintes de cancer, c’était la 29e des 30 mesures du deuxième plan cancer présenté en 2009. Cinq ans après, alors que le Président de la République doit dévoiler ce matin les orientations du 3e plan, l’Après-Cancer et le retour à l’emploi des personnes guéries fait plus que jamais partie des priorités pour les malades et leurs proches. « Aujourd’hui, on guérit plus d’un malade du cancer sur deux. Lorsque cette personne est en âge de travailler, elle a absolument besoin de recommencer à gagner sa vie et de retrouver la vie sociale et professionnelle qui contribue à l’estime de soi », souligne Emmanuel Jammes, délégué à la mission Société et Politique de santé pour la Ligue contre le cancer.


"Les collègues s'attendent à retrouver la même personne"

« Mais le cancer, c’est encore tabou dans le monde du travail. Quand vous revenez après 15 mois d’absence, les collègues ne préfèrent pas s’imaginer ce que vous avez vécu. Alors on n’en parle pas trop et les gens s’attendent à retrouver la même personne qu’avant. Pourtant ce n’est pas possible, ni physiquement à cause de la fatigue, ni psychologiquement parce qu’on ne voit plus du tout la vie de la même façon », raconte Marie-Laure Angot. Depuis octobre 2013, après 15 mois passés à lutter contre un cancer du sein, cette contrôleuse de gestion a repris, à mi-temps, son poste au ministère de la défense à Bordeaux. Cette reprise professionnelle, elle a commencé à l’envisager dès la radiothérapie, dernière partie du traitement en cas de cancer du sein. « On m’a remis un petit livret détaillant les différentes situations selon les professions, les interlocuteurs à contacter, les dispositifs existants comme le mi-temps thérapeutique… Mais travaillant dans la fonction publique, je ne pensais pas avoir besoin d’un accompagnement particulier pour reprendre mon travail. En fait, si », confie Marie-Laure.

 

Ecoutez Marie-Laure Angot, 49 ans, prise en charge pour un cancer du sein à l’Institut Bergonié à Bordeaux : « Si je passais en congé longue durée, je perdais mon poste et si je restais en maladie, je perdais la moitié de mon salaire. J’avais passé plein de coups de fil, j’étais un peu désespérée… »    


 

Celle qui a dénoué la situation de Marie-Laure et permis son retour au travail en mi-temps thérapeutique, c’est Guilaine Wilkins, responsable du service social du centre de lutte contre le cancer bordelais. A l’Institut Bergonié, au sein du département CARE pour coordination, accompagnement, réhabilitation et éducation, chaque patient qui en fait la demande ou qui est adressé par l’équipe qui traite son cancer peut bénéficier de l’aide d’une assistante sociale pour l’accompagner dans toutes ses démarches de retour à l’emploi. « Notre rôle est d’informer le patient sur toutes les modalités qu’il a à sa disposition, de le guider vers les bons interlocuteurs, de l’accompagner dans les démarches et de servir d’intermédiaire entre le cancérologue, le médecin traitant, le médecin du travail et le médecin de l’Assurance Maladie », explique Guilaine Wilkins.


Concilier traitements et emploi, par choix ou par obligation

L’accompagnement est très personnalisé, les solutions sont tout à fait différentes qu’il s’agisse de reprendre un poste à responsabilités exigeant des déplacements très fréquents, un poste imposant le port de charges lourdes ou la tête de l’exploitation agricole familiale. « Certains patients, ils sont de plus en plus nombreux, souhaitent allier traitements et emploi. Cela nécessite d’aménager leur temps de travail, d’organiser par exemple les séances de chimio le vendredi pour leur laisser le week-end pour récupérer. Cette situation n’est malheureusement pas toujours choisie, certains artisans, commerçants ou exploitants agricoles ne peuvent tout simplement pas s’arrêter », souligne l’assistante sociale.

Depuis quelques mois à Bordeaux, le service social mène une étude-pilote et propose son aide et un soutien psychologique à toutes les patientes retournant à l’emploi après un cancer du sein, même celles qui au premier abord n’auraient pas envisagé d’aller rencontrer une assistante sociale.

 

Ecoutez Guilaine Wilkins, responsable du service social de l’Institut Bergonié, à Bordeaux : « Le cancer touche tout le monde, quelque soit le milieu social et il désorganise toutes les sphères qui entourent la personne, familiale, professionnelle … »  

 

Ce soutien psychologique prend toute son importance, justement au moment où la personne quitte son statut de malade pour reprendre sa vie. « Pendant les phases de chimio et de radiothérapie, vous voyez des professionnels de santé tout le temps, tout le temps. Mais dès que les traitements sont terminés, même pour les proches qui sont très présents pendant la maladie, du jour au lendemain, c’est fini, vous êtes guéri ! On vous lâche dans la nature et d’un coup, il n’y a plus personne ! raconte Marie-Laure Angot. C’est très curieux comme moment, voire même inquiétant… Finalement, c’est le service social qui permet de refaire le lien avec le quotidien, le projet de reprise professionnelle … et c’est très précieux ».

 

Des dispositifs de retour à l'emploi encore trop rares

En France, tous les centres de lutte contre le cancer ont au moins une assistante sociale et les dispositifs d’accompagnement au retour à l’emploi s’y multiplient, en Ile-de-France, à Strasbourg, à Marseille ou encore à Lyon avec le concours d’une association de réinsertion. Les associations comme la Ligue proposent également ce type d’aides. Mais tous les malades sont loin de pouvoir en bénéficier.

 

Ecoutez Emmanuel Jammes : « Le nombre de malades accompagnés reste très insuffisant. Cela reste des initiatives locales qu’il est primordial de généraliser. On ne peut pas guérir pleinement si l’on reste socialement stigmatisé par la maladie »

 

François Hollande a promis un plan cancer qui s’attaque aux inégalités sociales et territoriales qui demeurent avant, pendant et après à la maladie. Le retour à l’emploi en est une sur laquelle il est très attendu.

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