Le Président de la République n'a pas manqué de le souligner ce matin devant un parterre de spécialistes réunis à Paris pour les rencontres de l'Institut national du Cancer : « La prévention est le principal échec des précédents plans cancer et la principale source d'inégalités ». Non seulement le nombre de cancers du poumon ne diminue pas en France mais il sera bientôt la première cause de mortalité pour les femmes, comme pour les hommes. « De ce point de vue, l'égalité est en marche et ce n'est pas la meilleure », a souligné François Hollande. La lutte contre le tabagisme est donc un objectif majeur du 3e plan cancer dont il vient de dévoiler les orientations.
Augmenter le prix du tabac pour doper la recherche
80 000 cancers pourraient être évités chaque année en France dont 44 000 directement liés au tabac. Marisol Touraine est donc chargée d'élaborer avant l'été un programme national de réduction du tabagisme. Le Président de la République a d'ores et déjà annoncé que les hausses de prix du tabac restaient le premier levier de lutte contre le tabagisme. « Les hausses de tarif doivent retrouver leur finalité de santé publique ... Depuis 18 mois, le prix du paquet a augmenté de 80 centimes soit 12%. Ce mouvement se poursuivra en étant guidé par un seul impératif : les recettes supplémentaires ne bénéficieront pas à l'Etat mais abonderont un Fonds dédié, destiné à la recherche sur le cancer, sa prévention et à l'amélioration de sa prise en charge », a affirmé François Hollande.
Rembourser les substituts nicotiniques au plus grand nombre
Aider les fumeurs à en finir avec la cigarette passe également par l'incitation au sevrage tabagique. Le Président a donc annoncé que dès 2015, le forfait de remboursement des substituts nicotiniques serait porté à 150 euros pour les 25-30 ans, les bénéficiaires de la CMU et les malades du cancer, comme il l'est déjà pour les moins de 25 ans et les femmes enceintes. Les mutuelles seront également mises à contribution : « L'aide au sevrage devra être inscrite dans le panier de soins minimal des contrats responsables », a affirmé le Président. Un numéro de téléphone unique permettra également d'être orienté vers le professionnel de santé le plus proche pour être accompagné dans l'arrêt du tabac.
Montrer les ravages du tabac aux heures de grande écoute
Principale cible de la prévention voulue par François Hollande : les jeunes. « Fumer à 17 ans, c'est prendre le risque, dans un cas sur 2, de mourir avant 60 ans. Ce message doit être diffusé partout et à tous. Les images des ravages des cancers liés au tabac doivent être montrées, aussi dures soient-elles, aux heures de plus grande écoute et de plus grande audience », a affirmé le Président, qui souhaite une campagne d'information de l'ampleur de celles menées contre les accidents de la route. « Le tabac tue en 15 jours autant que la route en une année », a martelé François Hollande, qui s'est engagé à garantir l'effectivité de l'interdiction de vente aux mineurs et à exploiter toutes les possibilités offertes par la nouvelle directive européenne sur le tabac pour renforcer les messages sanitaires sur les paquets de cigarettes.
Invitée à s'exprimer un peu plus tôt dans la matinée, la tabacologue britannique Ann McNeill avait fait part à la salle de la leçon la plus importante à retenir de la politique volontariste menée dans son pays contre le tabagisme : « L'industrie du tabac, ses lobbys et les personnes en conflits d'intérêt avec elle doivent être exclus, purement et simplement exclus de toutes les discussions visant à élaborer une politique anti-tabac. Car son unique intérêt est que les fumeurs le restent et que vos enfants commencent à fumer, quoiqu'elle en dise ».