Depuis la fin des années 90, les gonococcies, infections sexuellement transmissibles (IST), sont en augmentation dans de nombreux pays et la France n’échappe pas à cette épidémie. Habituellement responsable d’infections génitales non compliquées, la gonococcie peut parfois occasionner des complications sévères de type salpingites ou septicémies et surtout elle accroît le risque de contamination par le VIH.
Depuis le début des années 2000, parallèlement à cette augmentation, les spécialistes ont rapporté des taux croissants de résistance du gonocoque, notamment à l’antibiotique de référence dans le traitement de cette maladie, la ciprofloxacine. Dans ce contexte préoccupant, une étude publiée ce mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’Institut national de veille sanitaire (InVs) met en évidence l’évolution de la sensibilité des souches de gonocoques aux antibiotiques.
La tranche 15-34 est la plus touchée
Dans cette étude réalisée entre 2001 et 2012, même si, sur l’ensemble de la période, il ressort que les hommes étaient particulièrement touchés (81% des cas), les résultats montrent toutefois que la proportion de femmes concernées par cette infection est en constante augmentation. Elles représentent 31% des cas en 2012. De plus, l’âge médian était plus élevé chez les hommes, 29 ans contre 22 ans chez les femmes.
Globalement, les auteurs retiennent que la tranche d’âge 15-34 ans était la plus touchée, et surtout en constante augmentation pour les deux sexes. Par ailleurs, les résultats mettent en lumière l’existence d’IST associées à la gonococcie. Lorsque cette information était disponible, 32% des hommes et 59% des femmes étaient également infectés par une autre infection, principalement par Chlamydia.
Les résistances aux antibiotiques augmente
La 2ème partie de cette étude a porté sur les effets des médicaments. Entre 2001 et 2012, la sensibilité de plus de 8600 souches de gonococcies a été anlaysée. La proportion de souches résistantes à la pénicilline a fluctué autour de 13 %, a augmenté jusqu’à 56 % en 2012 pour la tétracycline et autour de 42 % pour la ciprofloxacine. Enfin la proportion de souches résistantes au céfixime reste modérée selon les auteurs, mais a quadruplé entre 2011 et 2012, passant de 0,7% à 3%. De plus, en 2010, pour la 1ère fois, des résistances à la ceftriaxone ont été identifiées et la proportion de souches présentant une sensibilité abaissée à cette céphalosporine de 3ème génération augmente de « façon particulièrement nette » depuis 2010, notent-ils.
L'augmentation de la résistance du gonocoque au céfixime suggère que les médecins continueraient de prescrire ce médicament en 1ère intention, malgré les recommandations de 2005 réitérées en 2008. « Les résistances au céfixime, et plus récemment à la ceftriaxone, pourraient aboutir à moyen terme à une impasse thérapeutique, s'inquiète l'équipe de chercheurs. L'émergence de résistances aux céphalosporines de 3ème génération est extrêmement préoccupante dans la mesure où elles représentent la dernière ligne de traitement, sans alternative thérapeutique actuellement crédible », conclut cette étude.