« Imaginez, sur cinq jeunes filles que vous croisez dans la rue, l'une d'entre elles a tenté de mettre fin à ses jours ! » C'est la phrase choc rapportée par le journal Le Monde, et prononcée par le Dr Philippe Binder, médecin généraliste, responsable d'une consultation pour adolescents à l'hôpital de Rochefort (Charente-Maritime). Ce chiffre inquiétant, diffusé lors de la journée nationale de prévention du suicide, est en effet issu des premiers résultats d'une enquête épidémiologique menée conjointement par la faculté de médecine de Poitiers et l'Observatoire régional de la santé d'Alsace publiée dans le Concours médical.
Ainsi en juin 2012, 1817 jeunes âgés de 15 ans tirés au sort dans 171 établissements scolaires des régions Poitou-Charentes et Alsace, ont répondu à 88 questions portant sur la santé. Parmi les questions : Au cours de ces douze derniers mois, as-tu tenté de te suicider ? Au cours de ta vie, combien de fois as-tu tenté de te suicider ?
Une hausse impressionnante chez les jeunes filles
D'après les données récoltées, les jeunes filles interrogées ont été précisément 21 % à répondre qu'elles avaient bien fait une tentative de suicide (8,8 % des garçons). « Les résultats ont été quasi-similaires en Poitou et en Alsace », soulignent les enquêteurs. Contacté par la rédaction de pourquoidocteur, le Dr Philippe Binder confie que « cette forte augmentation est impressionnante. »
Lors des précédentes études, les adolescentes de 15 ans avaient été 9 %, en 1993, à auto-déclarer une tentative de suicide (TS), et 14,6 % en 1999.
Chez les garçons, la progression est plus lente (4 % en 1993, 7,5 % en 1999, 8,8 % en 2012).
Le Dr Binder explique pour partie ce geste des adolescentes par une rupture amoureuse ou amicale. Ce type d'évènement peut rapidement prendre une tournure dramatique si la jeune fille est isolée. Dans ce cas, la TS se fait fréquemment par l'absorption de médicaments.
Ecoutez le Dr Philippe Binder, médecin généraliste : « Si le filet relationnel naturel de la famille ou des amis n'est pas là, le drame peut arriver...»
Ecoutez le Dr Philippe Binder : « Ces indices, ou signes annonciateurs, peuvent être repérés par tous les médecins généralistes en consultation ordinaire...»