Médicaments ou thérapie cognitivo-comportementale pour soigner la schizophrénie ? Une étude, parue ce 6 février dans The Lancet, a tenté de définir une alternative aux antipsychotiques en traitement de cette maladie. Leur argument : « de nombreux patients refusent de prendre, ou ne prennent pas systématiquement leur traitement médicamenteux. »
1 malade sur 2 ne prend pas ses antipsychotiques
Les patients schizophrènes, actuellement, n’ont qu’une solution pour combattre leur maladie : les médicaments antipsychotiques. « Mais la moitié des patients schizophrènes choisissent de ne pas les prendre à cause des effets secondaires », signale le Pr Anthony Morrison, chercheur au Greater Manchester West Mental Health Foundation Trust. Prise de poids conséquente, troubles métaboliques ou encore risque de crise cardiaque… nombreux sont les arguments qu’invoquent les malades pour expliquer leur refus de prendre des antipsychotiques. Ils expliquent aussi ne pas sentir d’efficacité des médicaments, et certains estiment ne pas en avoir besoin, selon le chercheur. Mais aucune alternative n’existe pour ces patients qui refusent leur traitement médicamenteux.
41% des patients vont mieux
74 patients ont participé à cette étude pilote. La moitié a reçu des antipsychotiques seuls, l’autre moitié a participé à 26 séances de thérapie cognitivo-comportementale (TCC) en complément des médicaments sur une durée de neuf mois. Une TCC s’effectue en deux étapes : identification avec le patient de ses problèmes (paranoïa, isolement…) et mise au point de techniques pour maîtriser et/ou modifier les comportements et pensées qui sont à la source de ces problèmes. Elle permet d’améliorer les symptômes psychotiques et d’améliorer le fonctionnement social des patients. Dans 41% des cas, les patients qui ont bénéficié d’une TCC ont connu une amélioration des symptômes. La solution médicamenteuse, elle, ne s’est avérée aussi efficace que chez 18% des patients.
Un « pas en avant »
« Nous avons montré que la TCC est une intervention acceptable pour une population dont on dit souvent quelle est difficile à intégrer dans les services de santé mentale. Les médicaments antipsychotiques, bien que bénéfiques pour de nombreux patients, peuvent avoir des effets secondaires sévères. Des alternatives solides devraient être disponibles pour ceux qui choisissent de ne pas les prendre », selon le Pr Morrison. Une autre étude est en cours pour comparer le bénéfice d’une TCC seule face à la simple solution médicamenteuse et la combinaison des deux. Les chercheurs estiment que la combinaison des deux approches serait la solution la plus efficace. Car si la psychothérapie semble bien marcher sur les hallucinations et le fonctionnement social, elle n'améliore pas les sympômes déficitaires, tels que des troubles de la concentration, de la mémoire ou encore les capacités d’abstraction.
Dans un commentaire associé, Oliver Howes, de l’Institut de Psychiatrie de Londres écrit que ces découvertes « fournissent des preuves que le concept de la thérapie cognitive est une alternative aux traitements antipsychotiques. » Développer les TCC en traitement de la schizophrénie serait selon lui un « pas en avant » dans la prise en charge de la maladie.