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Etude américaine

Obésité : la moitié des parents sous-estiment le poids de leur enfant

Par Audrey Vaugrente

Un parent d’enfant en surpoids sur deux estime que le poids de sa progéniture est normal. Un décalage qui pose un réel défi de santé publique alors que l’obésité infantile augmente.

DESRUS BENEDICTE/SIPA

« Un beau bébé », « une constitution solide »… nombreuses sont les excuses que les parents donnent pour justifier le surpoids d’un enfant. Mais il ne s’agit pas de mauvaise foi, a récemment démontré une étude de l’université Lincoln du Nebraska publiée dans Pediatrics. Alors que l’obésité infantile a triplé au cours des 30 dernières années, la perception du surpoids par les parents, elle, n’a pas bougé : si l’on en croit leur description, pas un enfant n’est obèse.

 

Les garçons plus concernés

Deux chercheurs ont passé en revue 69 études. Selon leurs résultats, la moitié des parents sous-estiment le surpoids de leur enfant. Ils sont même 14% à dire que leur progéniture est sous le poids normal. Les parents d’enfant obèse le décrivent souvent comme de poids normal, ou un peu au-dessus de la moyenne. C’est plus souvent le cas lorsque l’enfant en question est un garçon, explique l’auteur principal de l’étude, Alyssa Lundahl : « Il y a une croyance selon laquelle les garçons sont grands et forts. S’ils ne sont pas un petit peu plus gros, ils sont perçus comme trop petits. » De même, des parents eux-mêmes en surpoids ont tendance à décrire leur enfant comme de poids normal.

 

Ce décalage entre perception et réalité pose un réel problème de santé publique. « La perception du poids d’un enfant par ses parents joue un rôle clé dans la prévention du diabète et son traitement, » estiment les auteurs en introduction de l’étude. « Des parents qui sous-estiment le poids de leur enfant risquent de ne pas les encourager à prendre des habitudes saines, à pratiquer une activité physique qui optimise leur santé et réduise le risque d’obésité », développe Alyssa Lundahl.

 

Une sous-estimation du poids marquée entre 2 et 5 ans

C’est d’autant plus problématique que cette mauvaise perception est la plus forte entre 2 et 5 ans. On le sait désormais, les enfants en surpoids à 5 ans sont les plus à risque d’obésité après 12 ans. En revanche, souligne l’auteur de l’étude, « les perceptions sont de plus en plus exactes avec l’âge de l’enfant. Les parents se rendent compte que ce n’est plus seulement le gras de bébé et qu’ils ne vont plus s’en débarrasser. » Mais les bénéfices d’une intervention précoce s’estompent.

 

Une solution pour réduire les effets néfastes de ce décalage entre poids réel et poids perçu : vérifier régulièrement l’évolution du poids de l’enfant avec le pédiatre. Mais il est essentiel d’impliquer les parents dans une telle démarche : « Nous savons que les parents jouent un rôle crucial dans la prévention de l’obésité infantile, et les interventions réussissent mieux si elles impliquent les parents », précise Alyssa Lundahl, auteur principal de l’étude. « Des études précédentes ont découvert que quand la perception des parents est corrigée, ils commencent à agir et à encourager leur enfant à être plus actif, à éteindre la télé et à sortir pour jouer », affirme-t-elle à Reuters Health.