Qu’il s’agisse de prévention routière ou de lutte anti-tabac, les spots de prévention britanniques sont généralement beaucoup plus chocs que les nôtres. Mais visiblement, pour sa dernière campagne, la Pancreatic Cancer Action est allée trop loin.
Dans un spot télévisé très sombre, deux vrais malades aux visages marqués déclarent d’une voix blanche : « J’aurais préféré avoir un cancer du sein » ou « J’aurais préféré avoir un cancer des testicules ». Autrement dit un cancer de meilleur pronostic.
Le cancer du pancréas est en effet l’un des cancers les plus redoutables. Le diagnostic intervient souvent tardivement, lorsqu’il y a déjà des métastases. Moins d’un quart des tumeurs sont encore opérables et seuls 2% des patients sont encore en vie au bout de 5 ans. Alors qu’après un cancer du sein ou des testicules, le taux de survie à 5 ans est de plus de 85%.
« Répugnant ! Depuis quand le cancer est-il une compétition ? »
Dans « Le Bruit des glaçons », le film de Bertrand Blier sorti en 2010, Albert Dupontel, qui incarnait le cancer de Jean Dujardin, lui conseillait : « Parlez-moi poliment sinon je vous fais un pancréas. C’est très rapide le cancer du pancréas. » La Ligue contre le cancer avait soutenu le film, considérant que Blier contribuait à briser les tabous sur le cancer.
De l’autre côté de la Manche, à l’inverse, c’est l’indignation. « J’ai eu un cancer du sein et je ne le souhaite à personne », « Répugnant », « Blessant », « Horrible et insensible », « Depuis quand le cancer est-il une compétition ? », la condamnation de la campagne est quasi unanime sur les réseaux sociaux. La présidente de l’association, Ali Stunt, elle-même survivante d’un cancer du pancréas a dû se justifier. « Tous les types de cancer restent des maladies horribles et je ne les souhaite à personne. Mais lorsque j’ai été diagnostiquée en 2007, j’ai été horrifiée de lire les taux de survie et je me suis surprise, comme beaucoup d’autres personnes atteintes du cancer du pancréas, à penser que j’aurais préféré avoir un autre type de cancer avec un meilleur pronostic », a-t-elle expliqué au site britannique MailOnline.
Des symptômes précoces peu connus
Si le retentissement médiatique de cette campagne n’éclipse pas le fond, l’objectif initial de la campagne était de sensibiliser les Britanniques aux symptômes précoces du cancer du pancréas. Douleurs dans le haut de l’abdomen, perte de poids inexpliquée, nausées, fièvre, diabète ou jaunisse, ils ne sont pas spécifiques du cancer, ce qui retarde beaucoup le diagnostic et explique la forte proportion de cancers du pancréas diagnostiquée au stade métastatique.
En France, on estime à environ 9 000 le nombre de nouveaux cas de cancer du pancréas diagnostiqués chaque année. La maladie touche sensiblement autant les hommes que les femmes, en majorité après 50 ans.