« Garantir un accès aux urgences en moins de trente minutes ». La promesse du candidat François Hollande était claire et nette. Il ne lui reste maintenant plus que trois ans et demi pour la mettre en œuvre. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a décidé de mettre le turbo : comme l’annonce Le Figaro, la ministre de la Santé a l’intention de doter les centres hospitaliers d’hélicoptères du Samu. L’un d’eux a déjà été promis au CHU de Saint-Pierre de la Réunion. « Et dans quelques jours, une commande groupée de six hélicoptères devrait par ailleurs être annoncée par les Agences régionales de santé des régions Centre et Haute-Normandie. Ce qui portera le nombre total d'appareils à 43 sur toute la France », précise le Figaro.
Bien sûr, les hélicoptères ne pourront pas à eux seuls lutter contre les déserts médicaux. L’autre piste explorée par le gouvernement, ce sont les « médecins correspondants du Samu ». Des généralistes installés en zones sous-médicalisées sont formés à l’urgence, et acceptent de quitter leur cabinet pour prendre en charge des urgences vitales. L’idée est bonne, mais, comme le souligne le Figaro, l’expérimentation menée dans une vingtaine de départements montre que les financements manquent pour généraliser le dispositif. « L'acte d'urgence est coté à 46 euros, ce qui est ridicule vu les temps de transport, les soins, puis l'attente de l'ambulance, regrette Alain Carillon, spécialiste du sujet au syndicat MG France, dans les colonnes du Figaro. Surtout, quand on part sur une urgence, on abandonne notre salle d'attente pleine. Et quand on revient, elle est vide ».
Pour 10 % des Français, ces annonces seront particulièrement cruciales. En effet, selon une étude d’Emmanuel Vigneron, professeur d’aménagement sanitaire à l’université de Montpellier, 90,4 % de la population française a bien accès à des soins d’urgence en moins de 30 minutes. Il confiait à pourquoidocteur, en juillet 2012, « il y a actuellement 6 millions de personnes dans cette situation soit 10 % de la population. C’est à la fois non négligeable et en même temps pas si énorme que l’on ne puisse pas s’y attaquer. Les aides financières n’ont rien donné, il faut changer de levier d’action. D’abord en s’appuyant sur le droit. Il a fallu inscrire les discriminations sur l’origine ethnique ou le sexe dans la loi pour commencer à y remédier, il faut faire de même avec la discrimination territoriale. Cela permettrait d’inscrire dans la loi des normes opposables qui n’existent pas pour la santé ». Telles que « garantir un accès aux urgences en moins de trente minutes »…